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LA PESTE

Des origines à 1894

Histoire d'un fléau immémorial, la peste

 

La peste, dont le nom vient du latin pestis (« fléau »), n'a été identifiée qu'en 1894 par le médecin Alexandre Yersin. Elle provient d'un microbe très résistant qui porte le nom de son découvreur : le bacille de Yersin.

 

Il existe à l'état naturel chez certains rongeurs d'Asie et peut être transmis par l'intermédiaire de puces à des rats et, de là, à l'homme.

 

La puce en question est rebutée par l'odeur des moutons et des chevaux, de là le fait que les bergers et les palefreniers n'étaient pas contaminés par la maladie.

 

Signalons que la peste a souvent été confondue avec d'autres maladies. Ainsi c'est le typhus qui a emporté Périclès à Athènes en 329 av. J.-C. et Saint Louis devant Tunis en 1270.

 

 

René Castillon
 

 
 
Peste bubonique, peste pulmonaire
 
 

La peste proprement dite est de deux sortes. On distingue :


- la peste bubonique avec des pustules qui se nécrosent et des bubons dans le cou, des accès de fièvre, des vertiges et des délires, et néanmoins quelques guérisons quasi-miraculeuses,

 


- la peste pulmonaire, occasionnée par la présence du bacille dans la salive et entraînant une mort inéluctable dans les trois jours.

 
 
Premières apparitions du fléau
 
 

La peste apparaît pour la première fois en Europe et dans le bassin de la Méditerranée en 541-542, au temps des rois mérovingiens et de l'empereur Justinien. Par ses ravages brutaux, en particulier à Byzance et dans le monde méditerranéen, elle ruine les efforts de Justinien pour restaurer la grandeur romaine.  

 

Chaque année, depuis lors, elle va prélever son lot de victimes dans la population, affaiblie par la misère et l'insécurité propres aux temps barbares. Puis, à partir de 767, au temps de Charlemagne, les chroniques en perdent la trace... mais elle reste endémique en Orient, en Inde et en Chine.

 

 

La peste bubonique (avec apparition de « bubons » ou tumeurs à l'aine) fait sa réapparition en 1320 en Mongolie. De là, elle se répand alentour et atteint la mer Noire fréquentée par les Génois. Ceux-ci vont imprudemment l'amener jusqu'à Marseille.

En accostant à Marseille le 1er novembre 1347, ils vont ouvrir au fléau les portes de l'Occident.

 

 

L'épidémie se développe d'autant mieux et plus vite que la population est épuisée. Après trois siècles d'expansion démographique, l'Europe est saturée d'hommes que les sols peinent à nourrir. Les disettes, famines et « chertés » se font plus fréquentes et à ces pénuries alimentaires s'ajoute la guerre entre Français et Anglais.

 

 

Les Européens croient au début que les miasmes de la peste se répandent par voie aérienne. Aussi n'ont-ils rien de plus pressé, lorsque l'épidémie atteint une ville, que de fuir celle-ci. Le poète Boccace raconte cela dans le Décaméron, son recueil de contes écrit après que Florence ait été atteinte par la Grande Peste de 1347.

 

Cette fuite est la pire attitude qui soit car elle a pour effet d'accélérer la diffusion de l'épidémie.

 

La « Grande Peste » ou « Peste noire » va ainsi tuer en quelques mois jusqu'à 40% de la population de certaines régions, ressurgissant par épisodes ici ou là. En quatre ans, 25 à 40 millions d'Européens vont en mourir. Par milliers, des villages sont désertés. Les friches, la forêt et les bêtes sauvages regagnent le terrain perdu au cours des deux siècles précédents qui avaient vu les campagnes se développer et se peupler à grande vitesse...

 

Mais, dès la génération suivante, la vie reprend le dessus. Paysans et manouvriers, profitant de la raréfaction de la main-d'oeuvre, imposent aux seigneurs et aux employeurs des libertés nouvelles et des augmentations de salaires. Ces revendications s'accompagnent de graves crises sociales, la plus célèbre étant la Grande Jacquerie de 1358.

 

 

Les débuts de la prévention

 

Au début du XVIe siècle, l'Italien Jérôme Fracastor conteste que la maladie se propage par voie aérienne et suggère une contagion d'homme à homme ou d'animal à homme.

 

Dans ces conditions, il importe avant tout d'isoler les villes et les régions atteintes.

 

En 1478, en Catalogne, pour la première fois, on a l'idée d'isoler les villes contaminées par des cordons de soldats. Cette technique dite de la « ligne » est peu à peu perfectionnée par les Espagnols avec un réel succès : l'armée coupe les communications et tire à vue sur les personnes qui tentent de passer !

 

Cela n'empêche pas la peste de refaire son entrée en France sous le règne de Louis XIII, toujours par le port de Marseille.

 

En 1628-1631, elle touche plusieurs dizaines de cités, de Toulouse à Dijon, et tue encore quelques centaines de milliers de victimes.

 

En 1662, Colbert introduit la technique de la « ligne » en France. Un corps de médecins est spécialement chargé de détecter l'épidémie et l'armée se doit d'isoler avec rigueur les zones contaminées.

 

C'est un succès et l'on n'entend bientôt plus parler de foyers d'infection. Mais, au fil des années, la vigilance se relâche et c'est ainsi que va survenir le drame de Marseille en 1720, dernière manifestation du fléau en Europe.

 

 

 

 

1er novembre 1347

La peste entre à Marseille

 

Le 1er novembre 1347, les responsables du port de Marseille acceptent un bateau génois dont ils savent pourtant qu'il est porteur de la peste...

 

 

André Larané
 

Une si longue absence...

 

Après plusieurs siècles d'absence, la peste bubonique (avec apparition de «bubons» ou tumeurs à l'aine) fait sa réapparition en 1320 en Mongolie. De là, elle se répand alentour et atteint la mer Noire fréquentée par les Génois.

 

 

Comme les Mongols assiègent la ville de Caffa (aujourd'hui Féodossia, en Crimée), ils envoient des cadavres contaminés par-dessus les murailles. Des marins génois arrivent à fuir la ville mais en emportant avec eux le terrible bacille. En accostant à Marseille, ils vont ouvrir au fléau les portes de l'Occident.

 

Un mois plus tard, la peste atteint la Corse et Aix-en-Provence. En janvier 1348, elle est à Arles et Avignon où, en six semaines, elle fait onze mille morts. En avril, la voilà en Auvergne, à Toulouse et Montauban. En juin à Lyon, en juillet à Bordeaux et dans le Poitou. Le 20 août 1348, on la signale à Paris. En décembre, elle atteint Metz...

 

 

Durant les premiers mois, le fléau progresse à une moyenne de 75 km par jour en profitant des circuits d'échanges, en particulier fluviaux et maritimes. Sa diffusion est favorisée par le surpeuplement des villes et aussi le goût des habitants pour les bains publics, lesquels vont devoir être fermés les uns après les autres. La peste fait 100.000 morts à Florence. À Paris, on compte 500 morts par jour.

 

Selon Froissart, un tiers de la population française décède mais sans doute s'agit-il d'une exagération manifeste. Les estimations varient selon les régions d'1/8 à 1/3 de la population.

 

L'épidémie va tuer en quelques mois jusqu'à 40% de la population de certaines régions européennes, ressurgissant par épisodes ici ou là. En quatre ans, 25 à 40 millions d'Européens vont néanmoins mourir de la «Grande Peste» ou «Peste noire».

 

Impuissance de la médecine

 

Les médecins médiévaux attribuent la peste aux humeurs ou à l'empoisonnement de l'air. Ils pratiquent la saignée et les purges avec des résultats catastrophiques et récusent l'idée pourtant évidente de la contagion.

 

Les citadins n'ont rien de plus pressé, lorsque l'épidémie atteint une ville, que de fuir celle-ci. Le poète Boccace raconte cela dans le Décaméron, son recueil de contes écrit après que Florence ait été atteinte par la Grande Peste de 1347. Cette fuite est la pire attitude qui soit car elle a pour effet d'accélérer la diffusion de l'épidémie.

 

La population, en de nombreux endroits, soupçonne les juifs d'empoisonner les puits ! Dès 1348, une quarantaine sont massacrés à Toulouse.

 

En 1349 apparaît le mouvement des flagellants ; c'est la résurgence d'un mouvement localisé en Italie au XIe siècle. Il se répand dans toute la chrétienté occidentale et ne tarde pas à se structurer. Ses membres s'engagent à se flageller pendant 33 jours et demi (autant que d'années passées sur terre par le Christ).

 

Les flagellants finissent par s'en prendre à l'Église institutionnelle à laquelle ils reprochent son comportement indigne. Le mouvement s'éteint néanmoins en quelques mois, aussi vite qu'il est apparu.

 

Un ordre social bouleversé

 

 

L'épidémie se développe d'autant mieux et plus vite que la population est épuisée. Après trois siècles d'expansion démographique, l'Europe est saturée d'hommes que les sols peinent à nourrir.

 

Les disettes, famines et «chertés» se font plus fréquentes et à ces pénuries alimentaires s'ajoute la guerre entre Français et Anglais.

 

Par milliers, des villages sont désertés. Les friches, la forêt et les bêtes sauvages regagnent le terrain perdu au cours des deux siècles précédents qui avaient vu les campagnes se développer et se peupler à grande vitesse...

 

Les prix des céréales qui avaient chuté dans les premiers mois de l'épidémie, du fait du manque de consommateurs, remontent très vite dans les années suivantes du fait du manque de bras !

 

Dès la génération suivante, la vie reprend le dessus. Paysans et manouvriers, profitant de la raréfaction de la main-d'œuvre, imposent aux seigneurs et aux employeurs des libertés nouvelles et des augmentations de salaires.

 

Ces revendications s'accompagnent de graves crises sociales, la plus célèbre étant la Grande Jacquerie de 1358.

 

Le servage achève de disparaître et les petites seigneuries rurales sont ruinées.

 

Un monde nouveau émerge suite à la Grande Peste. Après une rémission, l'épidémie revient en 1360 puis de façon erratique jusqu'en 1721.

 

Chaque retour entraîne une hystérie collective mais aussi, après une brutale mortalité, une forte reprise de la nuptialité et de la natalité.

 

L'épidémie a des répercussions aussi sur l'art avec l'apparition des premières représentations de la mort dans l'art occidental.

 

Les danses macabres se développent dès 1380. Les riches défunts sont représentés sur les sarcophages non plus dans leurs plus beaux atours mais dans l'état de décomposition qui suit la mort : ce sont les «transis».

 

 

25 mai 1720

Le retour de la peste à Marseille

 

 

Le 25 mai 1720, un navire, le Grand-Saint-Antoine, entre dans le port de Marseille. Il ramène de Syrie un passager clandestin, le bacille de la peste !

En deux mois, la ville de Marseille va perdre la moitié de ses 100 000 habitants et la peste va tuer dans l'ensemble de la région pas moins de 220 000 personnes !

 

Les Français du « Siècle des Lumières », qui vivaient dans l'insouciance de la Régence (le roi Louis XV a alors 10 ans) et se croyaient à l'abri des grandes épidémies, vont devoir en catastrophe restaurer une sévère prévention.

 

 

 
Victimes de l'oubli et du relâchement
 
 

Parti de Marseille le 22 juillet 1719, le Grand-Saint-Antoine gagne les escales ou ports du Levant. Or la peste sévit à ce moment-là en Syrie.

Un passager turc embarqué à Tripoli le 3 avril 1720 meurt deux jours après sur des cordages. Puis, sur le chemin du retour, le voilier perd successivement sept matelots et le chirurgien de bord. Un huitième matelot tombe malade peu avant l'arrivée à Livourne, en Italie. À chaque fois, on trouve de bonnes raisons pour se dissimuler la vérité sur l'épidémie. À l'escale de Livourne (Italie), les médecins ne font rien pour retenir le navire.

 

Le capitaine Jean-Baptiste Chataud a lui-même hâte de livrer sa cargaison (des ballots de tissus d'une valeur de 100 000 écus) avant la foire de Beaucaire. Il amarre son voilier au Brusc, près de Marseille, et fait discrètement prévenir les armateurs ou propriétaires du navire.

Ceux-ci font jouer leurs relations. Ils en appellent aux échevins de Marseille pour éviter une quarantaine brutale qui consisterait à isoler le navire (et sa cargaison) en pleine mer pendant quarante jours. Les uns et les autres considèrent que la peste est une histoire du passé et prennent l'affaire avec détachement.

 

Finalement, ils demandent au capitaine de repartir à Livourne chercher une « patente nette », certificat attestant que tout va bien à bord. Les autorités de Livourne, qui n'ont pas envie de s'encombrer du navire, ne font pas de difficultés pour délivrer ledit certificat.

 

C'est ainsi que le Grand-Saint-Antoine est mis en quarantaine « douce » : les marins sont débarqués et enfermés dans un lazaret ou dispensaire, près de l'île de Pomègues. Mais les hommes, une fois à terre, n'entendent plus s'occuper de leur linge sale. Ils en font des ballots et le jettent à des lavandières par-dessus la palissade du lazaret...

 

 

 

Le retour du fléau
 
 

Le 20 juin, rue Belle-Table, dans un misérable quartier de la ville, une lavandière de 58 ans, Marie Dunplan, meurt après quelques jours d'agonie. Elle a un charbon sur les lèvres. Les médecins n'y prennent pas garde. Comment feraient-ils le rapprochement avec la Peste noire des temps médiévaux ? Le 28 juin, dans le même quartier, meurt à son tour un tailleur de 45 ans, Michel Cresp. Deux jours plus tard, c'est au tour de sa femme...

 

Le 9 juillet enfin, deux médecins, les Peyronnel père et fils, se rendent au chevet d'un enfant de treize ans, rue Jean-Galant. Et là, tout de suite, ils comprennent : la peste !

 

Ces deux excellents médecins avertissent les autorités. Il faut aller vite... Le 22 juillet, un gros orage, accompagné de chaleur et d'humidité, accélère la prolifération du bacille. Bientôt, l'épidémie fait un millier de morts par jour dans la ville. Les victimes de la contagion meurent en moins de deux jours.

On mure les maisons des victimes. On poudre les cadavres de chaux...

 

 

Monseigneur François-Xavier de Belsunce de Castelmoron (3 décembre 1671, château de La Force, Périgord ;  4 juin 1755, Marseille)

 

L'évêque de Marseille, Henri-François-Xavier de Belsunce de Castelmoron, conseiller du roi et éminent personnage du royaume, se signale par son dévouement exceptionnel. Il met le palais épiscopal au service du corps médical en veillant à la propreté du linge.

Lui-même parcourt les rues, assiste et secourt les malades, au mépris de la mort qui finalement l'épargnera.

Né dans la religion réformée et converti au catholicisme à 16 ans, il refusera plus tard le titre de pair de France, préférant terminer sa vie comme évêque de Marseille. 

Le cours Belsunce et le lycée du même nom rappellent son héroïsme.

 

 

Un autre personnage, le chevalier Nicolas Roze, se détache des secouristes. Cet échevin offre la liberté à des galériens en échange de leur assistance. Sous sa conduite, les bagnards et 40 soldats volontaires s'entourent le visage de masques en tissu et enlèvent, puis incinèrent,

les 8 000 cadavres qui pourrissent sur la place de la Tourette et alentour.

 

Tâche indispensable et ô combien dangereuse ! Sur 200 bagnards libérés le 1er septembre, 12 sont encore en vie le... 6 septembre. Le chevalier Roze, renouvelant ses effectifs, poursuit inlassablement sa tâche. Lui-même est atteint par la peste mais il en réchappe par miracle (les chances de survie ne dépassent pas 1 pour mille).

 

 

Le chevalier Nicolas Roze déblayant la Tourette ; scène de la peste de 1720 à Marseille (Michel Serre, musée Atger, Montpellier)

Riposte et rémission
 
 

Monsieur de Langeron, chef de l'escadron des galères, est nommé commandant de la ville et, avec six compagnies de soldats, fait rapidement fermer les lieux de rassemblement (églises, tripots....) et arrêter les pilleurs. La mortalité dans la ville commence à baisser en décembre avec seulement un ou deux morts par jour. Enfin, le 29 septembre 1721, après 40 jours sans nouvelle victime, la population rend grâce à Dieu pour l'avoir enfin délivrée du fléau.

 

 

Mais on s'est décidé trop tard à boucler Marseille, début septembre, et le bacille a pu se répandre dans l'intérieur des terres de sorte qu'il faudra encore deux années de luttes pour éradiquer la peste du Languedoc et de la Provence.

 

Le Grand-Saint-Antoine est remorqué sur l'île Jarre, en face des calanques, et brûlé le 26 septembre 1720 sur ordre du Régent Philippe d'Orléans (on peut encore voir ses restes). Quant au capitaine Chataud, il est emprisonné sur l'île d'If.

 

Après cet épisode dramatique, on n'entendra plus jamais reparler de la peste en Europe... mais les sociétés prospères du continent auront hélas d'autres occasions de découvrir que l'on n'est jamais à l'abri d'une épidémie, de la grippe espagnole au sida.

 

 

 

20 juin 1894

Alexandre Yersin isole le bacille de la peste

 

Le 20 juin 1894, Alexandre Yersin, un médecin militaire formé à l'Institut Pasteur, isole à Hong-Kong le bacille de la peste.

Jeune homme anticonformiste
 
 

 

Le jeune homme est né en 1863 dans une famille puritaine de la région de Lausanne. Il s'intéresse très jeune à la flore et à la faune, avant de se déterminer à étudier la médecine, d'abord à Marbourg, puis à Paris.

 

 

Engagé comme préparateur par Roux, il effectue à l'Institut Pasteur une thèse sur la tuberculose tout en contribuant à l'isolement de la toxine diphtérique. Faisant preuve d'une indépendance d'esprit singulière pour l'époque, il suit également le cours de bactériologie de Robert Koch, ancien rival de Louis Pasteur, à l'Institut d'hygiène de Berlin.

 

Épris d'aventure, le jeune homme obtient en 1890 un poste de médecin militaire en Indochine et en profite pour explorer les hauts plateaux de Cochinchine et d'Annam.

 

 

En 1894, il se lance dans la plantation d'hévéas. C'est alors qu'une épidémie de peste ravage la Chine méridionale. Le chercheur est aussitôt mandaté par le gouvernement français et l'Institut Pasteur pour enquêter sur les sources du mal.

 

Alexandre Yersin se rend à Hong-Kong où l'a précédé une équipe japonaise. Il va communiquer avec eux sur ses travaux mais c'est à lui qu'en définitive reviendra le mérite de la découverte.

 

Pourvu de moyens dérisoires, Yersin réussit à identifier et isoler en trois semaines le responsable de ce fléau immémorial qui terrorise les hommes de toutes conditions et de tous pays. Il s'agit d'un microbe très résistant qui porte depuis lors le nom de son découvreur : le bacille de Yersin (« Yersinia pestis »).

 

 

 

Il existe à l'état naturel chez certains rongeurs d'Asie et peut être transmis par l'intermédiaire de puces à des rats et, de là, à l'homme.

Le docteur teste avec succès le bacille sur des cochons d'Inde, dans la paillotte ci-dessus.

 

Revenu à Paris l'année suivante, Alexandre Yersin met au point avec Calmette et Roux un vaccin et un sérum contre la peste. De retour à Canton, il démontre l'efficacité de ces remèdes sur un séminariste promis à la mort.

 

 

Un Franco-Suisse aimé des Vietnamiens
 
 

Le médecin porte dès lors ses efforts sur le développement des Instituts Pasteur fondés à Hanoi, Saigon, Nha Trang et Dalat (sérums, vaccins, travaux d'hygiène).

 

Il encourage en parallèle l'introduction dans le pays de l'arbre à caoutchouc et de l'arbre à quinine. Il élève aussi des chevaux pour la fabrication du sérum et implante des races de vaches laitières.

 

Yersin promeut l'extraction industrielle de la quinine et choisit Dalat pour y établir des sanatoria. Ses initiatives lui valent de devenir le premier doyen de la faculté de médecine de Hanoï en 1902, mais il renonce bientôt aux honneurs pour défendre les intérêts du peuple annamite fort méprisé et exploité, vivant au sein de la population dans le village de Soui Dau, près du port de Nha Trang (Annam).

 

 

Selon les termes d'une lettre écrite vers 1890, « demander de l'argent pour soigner un malade, c'est un peu lui dire la bourse ou la vie ! »

 

 

Alexandre Yersin meurt en 1943, pendant l'occupation japonaise. C'est à peu près la seule figure de l'époque coloniale qui n'a pas cessé d'être vénérée au Viet-Nam, où toutes les villes ont un lycée à son nom. Paradoxalement, la Suisse et la France (dont il avait adopté la nationalité) l'ont en revanche bien délaissé...

 

Source : Hérodote
 
Gabriel Vital-Durand
 

Publié ou mis à jour le : 2015-06-17 



06/08/2017

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