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LOUIS XVI LE ROI BIENFAISANT- JEAN DE VIGUERIE


 

 

Fin connaisseur du XVIIIe siècle, Jean de Viguerie publie une biographie de Louis XVI qui fera date.

Depuis plusieurs décennies, nombre de travaux ont su rendre justice aux qualités du Roi malheureux, à sa bonté, à son intelligence, à l'étendue de son savoir. Tout semblait avoir été dit et pourtant la personnalité du Roi demeurait mystérieuse.

Le mérite de l'auteur est d'avoir dissipé ce mystère. L'ouvrage tranche avec la légende noire de l'historiographie républicaine et également avec les hagiographies maladroites proposées trop souvent par l'école royaliste.

Il s'emploie avec bonheur à tenir égale la balance entre les indéniables qualités du prince et ses incontestables limites. Décortiquant avec soin les principes qui, après avoir imprégné son éducation, influencèrent ses idées politiques, le regard de J. de Viguerie permet comprendre qui était Louis XVI.

Disciple de Fénelon, Louis XVI s'emploie à être un monarque bon et exemplaire, attaché à réformer les abus de l'administration.

Il veut être un roi bienfaisant, un roi qui fait le bien, persuadé qu'il suffit à un roi d'être bon pour être un bon roi.

Néanmoins, une chose lui manque : personne ne lui a jamais appris l'art de commander aux hommes, pas même son grand-père Louis XV, qui avait probablement trop peu confiance en lui-même pour se risquer à donner des conseils à son petit-fils.


Au contraire, durant toute sa vie, Louis XVI va se plaindre du « malheur d'être roi », confiant à son « cher Malesherbes » démissionnaire du gouvernement en mai 1776 : « Vous, au moins, vous pouvez partir ».

Convaincu que le Roi et la Nation sont deux réalités différentes, Louis XVI se montre, au début de son règne, contrairement à Louis XV, perméable aux idées nouvelles, nommant au ministère des hommes des Lumières, tels que Turgot, Malesherbes, Necker, Loménie de Brienne...

Il y a chez lui une tension permanente entre un goût réel pour la modernité et un attachement profond à la tradition.

Face à la Révolution, Louis XVI, qui, désormais, rejette la philosophie des Lumières, manifeste une grande lucidité. Ainsi, a-il compris le caractère exceptionnel des événements révolutionnaires. Il a jaugé la puissance de l'idéologie des Lumières et du patriotisme révolutionnaire.

« Extrêmement subversives », ces forces le sont de part leur « nature utopique », remarque l'auteur. « Et l'on sait que l'utopie détruit ce qui est pour affirmer ce qui n'est pas, lui donnant l'apparence de l'être ».

Louis XVI a estimé, dès lors, le recours à la force inefficace, attendant que l'opinion ouvre les yeux et comprenne que le bonheur ne viendra pas de la nouvelle constitution.

Inefficace, un tel recours à la force était d'ailleurs impossible tant les idées révolutionnaires, diffusées par les loges, avaient gangrené l'armée, polluant les rangs de la Maison militaire elle-même, comme le montrent les journées de juillet et d'octobre 1789.

Les épreuves de la Révolution vont renforcer la foi du Roi, l'élever au dessus de lui-même. Bon chrétien, Louis XVI s'était montré jusque là exact à remplir ses devoirs, sans plus.

Sa piété était moins grande que celle de Louis XV. Il se convertit pendant l'hiver 1790-1791, au cours de la crise religieuse engendrée par l'application de la Constitution civile du Clergé.

Dès lors, le Roi ne voit d'autre salut qu'en Dieu ; pour racheter les fautes de son peuple, il se prépare au sacrifice. « Il domine aussi son malheur par son sacrifice » écrit le biographe.

Le Testament du Roi témoigne de cette volonté de sacrifice. Vient la conclusion : « En offrant sa vie en sacrifice à l'exemple du Rédempteur, il réalise parfaitement la vocation royale exprimée par son sacre (...)

On savait que le rite du roi exposé signifiait l'abnégation. Mais on ignorait qu'il signifiait aussi le sacrifice total et jusqu'au sacrifice de la vie. C'est le mérite de Louis XVI de l'avoir révélé ».

Ecrit d'une plume vive, constellé de traits d'humour, l'ouvrage de Jean de Viguerie dresse un tableau pénétrant de la France de la fin de l'Ancien Régime, décrivant quelle fut la nature du combat que dût livrer celui qui, de Roi bienfaisant, sût devenir le Roi martyr.



26/09/2009
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