CHAMPOLLION EN EGYPTE - LE VOYAGE D'UNE VIE
L'expédition franco-toscane en Égypte
© Musée archéologique national de Florence
Une véritable moisson de textes et de dessins : voici ce que rapportent Champollion et ses collègues français et toscans après leur expédition d'une année et demie en Égypte.
Parcourant le pays d'Alexandrie jusqu'à Abou Simbel entre août 1828 et décembre 1829, ils y découvrent temples et tombeaux antiques, dont ils relèvent soigneusement les bas-reliefs et les inscriptions.
Ce travail sert au savant pour confirmer ses théories sur le déchiffrement des hiéroglyphes.
Savant de bibliothèques et de musées, Jean-François Champollion, a hâte de découvrir l’Égypte et de confirmer sur le terrain ses hypothèses développées dans la Lettre à M. Dacier de 1822.
Fort de sa nomination en 1826 comme conservateur de la division égyptienne du Musée du Louvre et porté par son amitié avec l’égyptologue florentin Ippolito Rosellini, il constitue une équipe franco-toscane avec le soutien financier de Charles X et du grand-duc de Toscane Léopold II.
La mission comprend une majorité de jeunes dessinateurs tels Nestor L’Hôte et Salvatore Cherubini auxquels s’ajoutent un cuisinier, des domestiques et des hommes d’équipage soit une trentaine d’Européens et d’Égyptiens qui vont cohabiter pendant plusieurs mois sur le Nil.
Partis de Toulon, les hommes arrivent à Alexandrie en août 1828 où le vice-roi Muhammad Ali les autorise à naviguer librement jusqu’en Nubie, à fouiller et à rapporter des antiquités.
Champollion est chargé de la direction générale de l’expédition, qui rejoint ensuite le Caire. « À l’ombre des grandes pyramides », Champollion est impressionné par ces « merveilles » mais cherche avant tout des inscriptions, comme il le répète dans les longues lettres adressées à son frère.
Il lui faut rassembler le plus de textes provenant de périodes et de monuments différents pour affiner ses réflexions sur le déchiffrement des hiéroglyphes.
Champollion arrive à Thèbes, la capitale de la Haute Égypte qui abrite les temples de Karnac et de Louxor et les tombes de la Vallée des rois.
La Haute Égypte, et Louxor plus précisément, offre à sa vue des dizaines de temples couverts de milliers de hiéroglyphes, ces « palais de Thèbes qui remplissent mes rêves de chaque nuit ».
Encore plus au Sud, en Nubie, il se glisse en chemise et en caleçon dans le sanctuaire du temple colossal d’Abou Simbel - remontant à l’époque de Ramsès II - afin d’admirer les scènes à la lumière de sa torche ou bien perché sur une échelle.
Au pied des pyramides de Gizéh, le 8 octobre 1828
Fin décembre, enthousiaste, le savant écrit à son protecteur Dacier :
« Je suis fier maintenant, que, ayant suivi le cours du Nil depuis son embouchure jusqu’à la seconde cataracte, j’ai le droit de vous annoncer qu’il n’y a rien à modifier dans notre Lettre sur l’alphabet des hiéroglyphes ».
Extrait de la lettre adressée à Monsieur Dacier- Ouadi-Halfa, Nubie, janvier 1829
Début 1829, les bateaux font demi-tour et repartent vers le Nord, pour un second séjour à Thèbes entre mars et septembre.
Admirant la splendeur des obélisques qui se dressent devant le temple de Louxor, il suggère à son frère d’en faire acheter un par la France.
Mehmet Ali, qui gouverne alors l’Égypte, fait don du monument à la France, mais ce n’est qu’en 1836, après la mort de Champollion, que celui-ci sera installé sur la place de la Concorde.
Sur la rive Ouest, dans la vallée des Rois, les dessinateurs passent des heures à copier les textes et les scènes aux couleurs vives qui recouvrent les parois des chambres funéraires des grands souverains du Nouvel Empire.
Quand la mission se prolonge, certains râlent un peu, comme Nestor L’Hôte, qui écrit à ses parents : « Dieu ! Que l’hiéroglyphe est ennuyeux, qu’il est accablant ! Nous en avons tous une indigestion ».
Il faut dire que Champollion semble insatiable dans sa quête des textes, recopiant, vérifiant, annotant les relevés de ses collègues tout en réfléchissant aux nombreuses publications qu’il a en tête, galvanisé par tout ce qu’il voit durant ce voyage.
La postérité de Champollion
Revenu en France début 1830, la tête remplie de hiéroglyphes mais le corps affaibli, Champollion rapporte des sarcophages et des statues qui rejoignent les collections du Louvre.
Mort en 1832, il n’aura pas le temps de faire paraître son travail : ses Monuments de l’Égypte et de la Nubie seront édités de manière posthume, rejoignant la version toscane publiée par Rosellini.
Ces deux grandes entreprises éditoriales constituant une étape majeure dans la naissance de la jeune discipline égyptologique en Europe.
Lettre de Toulon, 27 décembre 1829 à propos des antiquités qu’il a acquises pour le Louvre
Érection de l'Obélisque de Louqsor sur la place de la Concorde à Paris
© Bibliothèque nationale de France
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