Bienvenue dans mon Univers

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ACTUALITE

L'actualité, ce peut-être parfois un vacarme insensé,

Ce sont ces mille choses qui font de nos journées,

Des instants peints en rose, regards éberlués,

Elle est tantôt lointaine et nous atteint à peine,

Ou bien si près de nous,

Qu'elle nous rend un peu fou .

Faite d'évènements égrènes par le temps,

On se raccroche à elle pour exister vraiment !

MARTINE

 


BARACK OBAMA - LE GRAND ENTRETIEN

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Pour écouter l'entretien cliquez sur le lien ci-dessous :

 

https://www.france.tv/actualites-et-societe/temoignages/2103205-barack-obama-le-grand-entretien.html

 

 


23/11/2020
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UN COMBAT COMMUN POUR LA PAIX

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Deux mouettes rieuses, survolent, côte à côte, les collines de Beit Jala. 

 

Elles volent ...   "en murmuration" ... ....depuis la nuit des temps

 

et ........pour la nuit des temps....

 

 

Mon nom est Rami Elhanan.  Je suis le père de Smadar. Je suis un graphiste de 67 ans, un Israëlien , un Juif, un jérusalémite de la septième génération.

 

J'ai épousé Nurit et nous avons eu quatre enfants. L'un de ces enfants était ma fille, Smadar. Elle était pétillante, vivante, joyeuse et très belle. Nous l'appelions princesse, c'est ce qu'elle était à mes yeux.

 

Avec mes trois garçons et cette petite princesse nous vivions dans une bulle, complètement détachés du monde extérieur. Nous étions heureux.

 

Ce jour là, en 1997, trois kamikazes se sont fait sauter au milieu de Ben Yehuda Street, dans le centre de Jérusalem. Trois bombes, l'une après l'autre. Ils ont tué huit personnes - eux-mêmes et cinq autres dont trois petites filles. Une de ces  petites filles était notre petite fille.

 

Smadar  avait  treize ans.

 

 

 

Mon nom est Bassam Aramin, je suis le père d'Abir. Je suis un Palestinien, un Musulman, un  Arabe, ancien prisonnier, né près d'Hébron, mari de Salwa. Nous avons eu cinq enfants. J'ai quarante  huit ans.

 

Le 16 Janvier 2007, ma fille,  Abir est sortie de son école tôt le matin. C'était une journée paisible. Elle se trouvait juste devant la porte de l'école quand elle s'est fait tirer dessus par un membre de la police des frontières d'Israël.

 

Avec une balle en caoutchouc de fabrication américaine. Il n'y avait ni violence, ni Intifada en cours. Elle a reçu cette balle à l'arrière du crâne. Elle venait d'aller au magasin . Elle venait de s'acheter des bonbons.

 

Le visage d'Abir était doux, tendre, sombre. Ses yeux étaient grands de couleur prunelle. Elle avait un sourire qui donnait l'impression qu'elle était au milieu d'une question permanente.

 

Abir avait dix ans.

 

 

Il  était une fois, Rami Elhanan, un Israëlien, un Juif, mari de Nurit, père de Smadar.

 

Il était une fois Bassam Aramin, un Palestinien, un Musulman, mari de Salwa, père de Abir

 

Il était une fois, deux pères, qui, de la haine au pardon, de la fureur à la tristesse, de la souffrance muette à l'écoute de l'autre ont, tel Sisyphe,  tourné le dos au désespoir en bravant  les Dieux pour s'attacher à la vie.

 

Il était une fois deux pères, qui ont refusé la pénombre pour avancer vers la lumière.

 

Il était une fois, deux pères, unis par un  même destin, deux amis improbables...  

 

 

Il était une fois deux pères  qui militent ensemble, côte à côte,   au sein des Combattants pour la Paix.

 

Ceci est une histoire vraie.


10/02/2024
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1973- 2023 : LE DEMI -SIECLE OU L'EUROPE A BASCULE

L'État au bord du gouffre ?

 

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17 juillet 2023 : émeutes, manifestations contre la loi sur les retraites, annulation au débotté de deux visites d'État, celle de Charles III en France et celle du président Macron en Allemagne... et pénurie d'antibiotiques dans les pharmacies !

Où va le pays ? Les dirigeants en ont-ils seulement une vague idée ? Les citoyens sont dans le désarroi car les motifs d'inquiétude ne manquent pas. La France peut-elle encore retrouver la maîtrise de son destin ?

1973-2023  Le demi-siècle où l'Europe a basculé

 

14 juillet 2023. Émeutes, manifestations contre la loi sur les retraites, annulation au débotté de deux visites d’État, celle de Charles III en France et celle du président Macron en Allemagne ; tout cela fait beaucoup en cinq mois dans un pays en panne où les pharmacies en viennent à manquer même d’antibiotiques !

 

Entre la Commission européenne, la Cour des comptes, les cours de justice, etc. la classe politique ne sait plus à quel saint se vouer et les citoyens s’interrogent sur l’avenir de leur pays. C'est la conséquence de choix politiques vieux de cinquante ans…

 

 

Les Français vont bien. Les sites touristiques, les plages, les restaurants de qualité, les cafés et les salles de spectacle font le plein. À l’Opéra, Roméo et Juliette triomphe avec un public et des artistes représentatifs de la France aisée, dans sa diversité d’âge et de couleur. Les solidarités familiales demeurent solides et les associations font florès : sportifs, aquarellistes, boulistes, chasseurs, etc. Les patrons français se portent comme un charme, à commencer par le premier d’entre eux, Bernard Arnault (LVMH), l’homme le plus riche du monde.

 

 

La France va mal. L’annulation des festivités  du 14 juillet dans nombre de villes, pour cause d’insécurité, témoigne de « l’effondrement de l’État régalien », dixit David Lisnard, maire de Cannes et président de l’Association des Maires de France (France Inter, 12 juillet 2023).

Choix politiques et pesanteurs démographiques

Sans aller jusqu’à parler d’effondrement, chacun admet la déliquescence de l’État et le défaut d’autorité de ses représentants, sur la scène intérieure comme sur la scène internationale.

Il faut y voir le résultat d’un choix conscient de la classe politique, tant de droite que de gauche, en faveur de la mondialisation, de l’ouverture des frontières et du « multiculturalisme ».

 

Nous pouvons en suivre les jalons depuis cinquante ans.

 

- Le tournant de 1973-1974 :
 

Tout commence pour ainsi dire le 1er janvier 1973. Ce jour-là, officiellement, le Royaume-Uni fait son entrée dans la Communauté Economique Européenne ( CEE) , accompagné du Danemark et de l’Irlande.

 

Précédemment, le général de Gaulle s’était opposé à l’adhésion des Britanniques car il craignait qu’ils n’entraînent l’Europe des Six dans une allégeance accrue à Washington et ne convertissent les Européens au libéralisme anglo-saxon.

 

 

De fait, Margaret Thatcher, adepte de la doctrine néolibérale et monétariste de Friedrich Hayek et Milton Friedman (dico), accède à la tête du parti conservateur le 11 février 1975 puis entre au 10 Downing Street le 4 mai 1979.

 

Ronald Regan  entre à la Maison Blanche en janvier 1981 et tous les deux vont entraîner les Européens dans leur sillage néolibéral.

 

 

Par ailleurs, en avril 1974, profitant de son intérim présidentiel suite au décès du président Georges Pompidou, le sénateur centriste Alain Poher valide l’entrée de la France dans la Cour Européenne des Droits de l'Homme ( CEDH)

 

De Gaulle et son successeur s’y étaient quant à eux vigoureusement opposés car ils craignaient non sans raison que les magistrats ne s’appuient sur la CEDH pour invalider les lois votées par les élus du peuple.

 

À ces choix économiques et politiques s’ajoutent deux tournants majeurs en matière démographique :

 

• Dans tous les pays développés, en 1973, l’indicateur de fécondité passe en-dessous du seuil de 2,1 enfants par femme qui assure tout juste le renouvellement de la population. Il va dès lors continuer de baisser pour se rapprocher aujourd'hui dans certains pays d'un enfant par femme, ce qui revient à une quasi-disparition physique d'ici un siècle des Européens d'origine, descendants des Indo-Européens arrivés il y a 4500 ans.

 

Aujourd'hui, cette population diminue plus ou moins vite dans tous les pays, y compris la France. C’est inédit dans l’Histoire universelle en temps de paix.

 

• Dans le même temps, en 1973, pour la première fois depuis mille ans ou davantage, l’Europe reçoit plus d’immigrants qu’elle ne voit partir d’émigrants. Là aussi, le phénomène va s'amplifier  presque d’année en année.

 

Aujourd'hui, si certains pays européens comme la France arrivent encore à stabiliser leur population, c'est seulement grâce à l'immigration d'origine africaine ou moyen-orientale des cinquante dernières années.

 

 

Sans que quiconque s’en doute, tout est alors en place pour un grand basculement de la France et de l’Europe.

 

- La conversion de 1983-1984 :
 

Début 1983, le président François Mitterrand   convertit la gauche française au néolibéralisme. Après la désindexation des salaires sur les prix, il fait le choix de rester dans le Système Monétaire Européen.

 

C’est un prélude à l'Acte unique européen, un traité signé les 17 et 28 février 1986 sous l'égide de Jacques Delors, président de la Commission européenne.

 

Entré en vigueur le 1er juillet 1987, il impose la suppression complète de toutes les barrières intérieures à la CEE (capitaux, personnes, marchandises).

 

 

Cette libéralisation au forceps dans le cadre européen porte un coup fatal au parti communiste et aux syndicats. Jusque-là, avec leurs comités d’entreprise et leurs organisations de jeunesse, ils structuraient la société en concurrence avec l’Église catholique.

 

L’effacement de l’Église et du Parti va laisser en déshérence la jeunesse des classes populaires. Les prédicateurs de tous poils et les « influenceurs » des réseaux sociaux n'auront bientôt plus qu'à se servir...

 

 

En attendant, le 15 octobre 1983, une trentaine de jeunes gens issus de l’immigration maghrébine quittent Marseille pour Paris. Au fil du trajet, ils sont rejoints par des sympathisants et sont cent mille à l'arrivée. Leurs représentants sont reçus par le président de la République. La France prend conscience avec cette " Marche des Beurs "  d’une immigration de peuplement inédite.

 

 

L’année suivante est fondée l’association SOS Racisme, avec  un slogan culte : " Touche pas à mon pote !  en référence aux violences policières. L'opinion, ravie, y voit l'expression juvénile de l'antiracisme et la promesse d'une société multicolore et fraternelle. Elle n'en discerne pas le sens véritable : l'affirmation qu'un délinquant devient intouchable dès lors qu'il est un ami, un "pote"

 

C'est la négation de la justice, de la loi et de l'égalité entre les citoyens et c'est un premier coup de canif dans la légitimité de la police et des tribunaux.

 

 

- L’engagement de 1992-1993 :
 

L’implosion de l’URSS en 1989 a mis fin à la guerre froide.  Elle laisse croire à un horizon de paix, de démocratie et de prospérité. Le politologue américain Francis Fukuyama en fait la promesse dans un livre à succès : La Fin de l’Histoire (1992).

 

Les gouvernants européens désarment à tout va en faisant confiance aux Américains pour les protéger via l’OTAN et choisissent de ne plus s'occuper que d'économie. La monnaie unique est instaurée par le traité de Maastricht de 1992.

 

 

Le 1er janvier 1993 naît officiellement l’Union européenne. Les Européens partagent la croyance de Montesquieu selon laquelle le " doux commerce" guérit de tous les maux. Ils se convainquent que l'union monétaire va faire converger les économies européennes.

 

Au lieu de cela, l'Europe du nord et l'Europe méditerranéenne, dont la France, vont voir leurs performances industrielles et leurs niveaux de vie diverger dans les années 2000. 

 

En 2001, le PIB par habitant de l'Allemagne était de 4% supérieur à celui de la France et de 12% à celui de l'Italie. En 2021, il les dépasse respectivement de 17% et de 44%.

 

 

A  cet échec contre-intuitif, il y a des raisons objectives que l'économiste américain Joseph Stiglitz (Prix Nobel d'économie 2001) a analysé avec beaucoup de finesse ( Comment la monnaie unique menace l'avenir de l'Europe, 2016 )  . 

 

Il montre combien il eut été préférable de s'orienter vers une monnaie commune (et non pas unique) composée d'un panier de monnaies nationales selon un modèle déjà envisagé par John Maynard Keynes, le bancor....

 

Mais nous n'en sommes plus là et faute de pouvoir se réformer, l'Union en est réduite à brider toujours un peu plus les États.

La France au tournant

Jusque dans les années 1990, la classe politique française abhorrait le « multiculturalisme » à l’anglo-saxonne. Sa préférence allait au « multiracialisme » et à l’idée que les citoyens de toutes les couleurs et de toutes les religions pouvaient communier dans un même amour pour la France. C’était le temps de la France " black-blanc-beur ".

 

 

Mais après un ralentissement dans les années 1990, les flux migratoires s’intensifient, de 100 000 par an à 200 000 en 2002. « Le processus d'intégration par le brassage des populations s'est brutalement interrompu, » constate dès 1999 Julien Dray, fondateur de SOS Racisme.

 

 

De là les violences désordonnées d’octobre 2005 comme de juin 2023. Ces violences ne sont pas propres à la France. La Suède a ainsi connu l’an dernier des manifestations haineuses consécutives à la provocation d’un militant d’extrême-droite qui avait brûlé un Coran en place publique. Plus gravement, l’Angleterre a vécu en avril 2011 de violentes émeutes ethniques suite à la mort d’un délinquant d’origine antillaise. Il s’en était suivi des incendies, des pillages et cinq décès.

 

 

La faiblesse de l’État fait le désespoir des classes populaires ainsi que des habitants des départements d’outre-mer qui ont motif de craindre que leurs enfants ne soient aspirés dans un trou noir.

 

Les uns et les autres manifestent leur inquiétude en votant majoritairement pour le Rassemblement national (droite extrême), à la grande indignation de la classe politique.

Insensiblement, à droite comme à gauche, celle-ci se rallie au « multiculturalisme » importé d’outre-Atlantique ou d’outre-Manche.

 

Elle en vient à faire table rase du passé, de l’État et de l’idée même de communauté nationale. Le renversement de valeurs devient manifeste en 2017 quand, à Lyon, le président Macron, fraîchement élu, déclare : « Il n’y a pas une culture française, il y a une culture en France et elle est diverse ! » Le même réduit la France à une « start-up nation » portée par une introuvable « souveraineté européenne ».

 

 

Autant sinon plus que la fracturation des sociétés européennes sous l'effet du multiculturalisme , nous devrons désormais nous accommoder de la perte d'autonomie de l'Union européenne.

 

Deux signaux sont révélateurs de ce phénomène ; ils témoignent de l'alignement de plus en plus aveugle de l'Union européenne sur les États-Unis :

 

• Le Japon a participé au sommet de l'OTAN de Vilnius les 11 et 12 juillet 2023 et Washington a suggéré d'ouvrir un bureau de l'Alliance à Tokyo (le président Macron s'y oppose pour l'instant) ; cela confirme que les États-Unis se disposent à impliquer leurs protégés européens dans leur conflit avec la Chine.

 

• De son côté, la Commission européenne s'apprête à accueillir le 1er septembre une économiste américaine très influente, Fiona Scott Morton, à un poste stratégique à la Direction générale de la concurrence.

 

Et ne parlons pas des consultants MacKinsey invités à réformer l'administration française (pour le pire). C'est reconnaître que l'Union européenne ne se perçoit plus que comme un appendice des États-Unis.

La France conserve des ressources cachées

Démocratie mise à mal par les institutions supranationales et les cours de justice ; souveraineté réduite à peu de chose ; déficit commercial abyssal ; déchirements communautaristes... 

 

Il y aurait matière à désespérer si la France ne conservait de magnifiques atouts avec une jeunesse ardente et passionnée. On la voit à l'oeuvre sur le chantier de Notre-Dame de Paris.

 

Victime d'un incendie   le 15 avril 2019 du fait de calculs comptables mesquins qui avaient réduit sa surveillance à presque rien, la cathédrale a été sauvée grâce au dévouement et au professionnalisme des sapeurs-pompiers et elle est en voie d'être magnifiquement restaurée grâce à ses donateurs et surtout grâce au dévouement et au professionnalisme de multiples corps de métiers.

 

 

On peut y voir le signe que le pays garde la capacité de retrouver sa souveraineté, dans le cadre d'une authentique démocratie, sous la protection d'un État fort et dans le respect de la solidarité européenne. Rien n'interdit de cultiver cet espoir, si ténu soit-il.

 
 
André Larané
Publié ou mis à jour le : 2023-08-12

 


06/12/2023
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MIGRATIONS D'HIER ET D'AUJOURD'HUI - HERODOTE

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• L'humanité en marche
Europe
• Le grand brassage médiéval
• Des États-nations soudés par une civilisation commune

 

France
• Industriels en quête de main-d'oeuvre
• La France de demain

 

Annexes
• Jérôme Fourquet : L'Archipel français
• Stephen Smith : La Ruée vers l'Europe
• François Héran : Le Spectre des migrations subsahariennes
• Michèle Tribalat : Statistiques ethniques
• Hervé Le Bras : Il n'y a pas de grand remplacement

 

 

Nous sommes tous des immigrés ! Cette formule s'applique à tous les êtres humains si l'on entend par là que nul ne peut se prévaloir d'être un pur autochtone (d'après un mot grec qui signifie : « né du sol »).

 

 

De fait, aussi loin qu'ils remontent dans le temps, jusqu'à l'Homo erectus d'il y a un million d'années, les paléontologues discernent des mouvements de population par expansion démographique et plus rarement par invasions, migrations volontaires ou migrations forcées.

 

 

Ces déplacements concernent toutefois des effectifs très limités. C'est aujourd'hui 3% de la population mondiale... En dépit des apparences, la sédentarité demeure le propre de la nature humaine.


07/11/2023
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ISRAEL ET SES VOISINS - LE "GRAND JEU " MOYEN ORIENTAL - HERODOTE

11 octobre 2023 : il y a un peu plus de cinquante ans, un attentat frappait les Jeux Olympiques de Munich et portait sur le devant de la scène internationale la question palestinienne. Depuis lors, Israël et ses voisins sunnites ont tenté de l'occulter et fait passer au premier plan les enjeux géopolitiques et en particulier la lutte contre l’expansionnisme iranien.

 

Mais à la surprise générale, le 7 octobre 2023, à Gaza, le Hamas s'est rappelé au souvenir des comparses de la façon la plus brutale qui soit ; ce mouvement terroriste pro-iranien a ramené les Palestiniens au coeur du « Grand Jeu » moyen-oriental...

 

Tôt ce samedi matin 7 octobre, à Tel Aviv, où nous passions shabbat, j’ai été réveillé par les sirènes, suivies deux minutes plus tard par les explosions du système anti-missiles « Dôme de fer ».

 

Cinquante ans et un jour après l’attaque surprise de la guerre de Kippour, le peuple israélien était à nouveau stupéfait par une attaque. Mais l’histoire ne se répète jamais, elle bégaie.

 

En 1973, nous eûmes affaire à une guerre conventionnelle qui opposait trois armées. Aujourd’hui, il s’agit d’une lutte contre une organisation terroriste, le Hamas, un groupe fondamentaliste musulman issu des Frères musulmans, qui tient en otage les deux millions d’habitants de la bande de Gaza depuis quinze ans.

 

 

Chacun a pu constater la cruauté de ces extrémistes qui ont notamment massacré dans la nuit de vendredi à samedi 250 jeunes qui participaient à une rave-party, sur le modèle que ce qui s’était passé au Bataclan à Paris, en 2015.

 

Il est bien évidemment trop tôt pour comprendre les tenants et les aboutissants de cette tragédie mais il importe de la replacer dans le contexte politique et diplomatique de ces dernières années pour en saisir la logique effroyable.

 

La raison d’État avant l’idéologie

Tout commence avec l’invasion de l’Irak par les États-Unis en 2003 qui a rebattu les cartes au Moyen-Orient tout en déstabilisant les États issus de la Première Guerre mondiale. 

 

La République islamique d'Iran a ainsi placé sous sa protection les chiites d'Irak et du Liban.

 

Profitant aussi des désordres nés du « printemps arabe » de 2011, elle a soulevé les chiites de Bahrein et attisé la rebellion houtiste (chiite) au Yémen.

 

En Syrie, l'Iran est intervenu ainsi que la Russie de Vladimir Poutine en soutien de Bachar el-Assad.

 

 

Il s'en est suivi à partir de 2015 un « Grand Jeu » moyen-oriental qui a rebattu les cartes d'incroyable façon jusqu'à faire passer à la trappe la question palestinienne. 

 

Israël s'est trouvé dépendre du bon vouloir des avions et des radars de la base russe de Lattaquié (Syrie), pour effectuer des bombardements en Syrie et ainsi stopper l’expansion militaire de l’Iran et de son bras armé, le Hezbollah chiite libanais, vers les frontières nord d’Israël.

 

Les ambiguïtés de cette politique sont apparues crûment lors de l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022 : on a ainsi vu l’Iran livrer des drones à la Russie tandis que les Russes fermaient les yeux sur les attaques israéliennes contre les factions pro-iraniennes du Liban et de Syrie !

 

 

Dans le même temps, l'Arabie séoudite s'est vue menacée par l'intervention de l'Iran au Yémen.

 

Il s'ensuit que les États sunnites en sont venus à dialoguer avec l'État hébreu, hier encore honni et combattu. En mars 2022, le sommet du Néguev, à Sde Boker, le kibboutz de David Ben Gourion, a réuni les ministres des Affaires étrangères d’Israël, des États-Unis, d’Égypte, des Émirats Arabes Unis, de Bahreïn et du Maroc.

 

Le seul fait de rassembler tous ces ministres était déjà une première performance ; la seconde fut d’exclure le conflit israélo-palestinien de l’ordre du jour, le réduisant ce faisant à une affaire intérieure israélienne !

 

 

Signature des accords d'Abraham en 2020. De gauche à droite : Ministre des Affaires étrangères de Bahreïn Abdullatif bin Rashid Al-Zayani, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le Président américain Donald Trump, le Ministre des Affaires étrangères des Émirats arabes unis Abdullah bin Zayed Al-Nahyan. Agrandissement : les ministres des Affaires étrangères au sommet du Néguev en Israël en 2022. De gauche à droite : Abdullatif bin Rashid Al Zayani (Bahreïn), Sameh Shoukry (Égypte), Yair Lapid (Israël), Antony Blinken (États-Unis), Nasser Bourita (Maroc), et Abdullah bin Zayed Al Nahyan (Émirats arabes unis).

 

Prolongeant les « accords d’Abraham » lancés par le président Trump et le Premier ministre Netanyahou en 2020, le sommet du Néguev a permis de sortir Israël de son isolement régional, surtout si on ajoute la Jordanie, avec laquelle la paix a été signée en 1995, et le Soudan qui a signé en 2021 un traité avec Israël. Le Tchad, qui avait rétabli ses relations diplomatiques avec Jérusalem dès 2019, a inauguré son ambassade en Israël en 2023.

 

 

La proximité inédite d’Israël avec le bloc sunnite s'est trouvée renforcée par la nouvelle lune de miel avec la Turquie, après plus de dix ans d’un froid glacial soufflant entre les deux pays.

 

Après avoir été depuis 2010 l’un des plus chauds défendeurs de la cause palestinienne, le président Erdogan a amorcé un rapprochement dès 2021 pour aboutir à un rétablissement complet des relations diplomatiques conclu le 27 août 2022. C’est essentiellement le chef de l’État turc qui a pris l’initiative, à la fois pour se donner un aspect moins agressif au niveau international, mais également pour des raisons intérieures, tant économiques qu’électorales.

 

 

Ce rapprochement a pris un tour inattendu dans la guerre entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan en 2020. Le dictateur azerbaïdjanais Aliev a pu alors bénéficier du soutien actif de son homologue turc mais aussi de l'aide active d'Israël qui l'a alimenté en équipements militaires sophistiqués, cependant que l'Arménie, coincée entre deux grands États turcophones, n'avait d'autre choix que l'alliance avec l'Iran voisin.

 

 

Enfin, dans le domaine des relations entre Israël et la région arabo-musulmane au milieu de laquelle l’État hébreu se trouve placé, il faut souligner une première avancée vers le Liban, avec la signature en octobre 2022 de l’accord sur les frontières maritimes et l’exploitation des champs gaziers sous-marins.

 

Cet accord était le résultat tant de pressions américaines exercée sur une longue durée sur les deux parties que le témoignage de l’affaiblissement du Hezbollah chiite, notamment après l’explosion du port de Beyrouth en août 2020.

Tous unis face à la République islamique

Si les pays musulmans continuent d’affirmer leur soutien à la cause palestinienne dans les organisations internationales, Israël ne paraissait plus être tabou et les avantages que ces pays retiraient de cette « mauvaise fréquentation » l’emportaient largement sur le risque d’être vu comme trahissant la « cause arabe ».

 

 

Le rapprochement inédit entre Israël et une partie du monde arabe sunnite et nord-africain, outre ses aspects militaires, commerciaux et économiques non négligeables, confirme un spectaculaire « renversement des alliances » pour qui se souvient du soutien actif apporté par Israël à l’Iran pendant la guerre Irak-Iran, dans les années 1980.

 

 

Il est vrai qu’à l’époque, l’État hébreu se sentait plus directement menacé par ses voisins immédiats. Aujourd'hui, il s'inquiète plus que tout de ce que le régime des ayatollahs profite de ce que les Occidentaux étaient accaparés par la guerre d’Ukraine pour accélérer sa course à l’arme nucléaire.

 

Il existe en Israël un large consensus pour empêcher par tous les moyens la République islamique de l’acquérir. Washington, allié incontournable de Jérusalem, commence aussi à envisager une solution militaire.

 

 

En Israël et au Moyen-Orient, la raison d’État et l'intérêt supérieur de la nation ont donc paru l'emporter sur l’idéologie, en dépit de la recrudescence des attentats terroristes palestiniens en 2022 et du retour au pouvoir de l’inusable Benjamin Netanyahou (73 ans), déjà Premier ministre en 1996-1999 et 2009-2021, à la tête de la coalition la plus à droite qui aie jamais gouverné l’État d’Israël.

 

 

Ses projets de transformation du système judiciaire ont plus que jamais divisé l'opinion israélienne. Mais cela, c'était avant que le Hamas pro-iranien ne lance les attaques terroristes du 7 octobre 2023. Qu'adviendra-t-il dans ces conditions du « Grand Jeu » israélo-arabo-iranien ? Il est bien trop tôt pour le dire. 

 

 

L’historien-témoin que je suis peut cependant suggérer quelques pistes de réflexion qui demanderont à être approfondies plus tard :


• Comment expliquer cette impuissance de l’armée israélienne tant au niveau des renseignements préventifs que dans les premières heures de l’attaque ?


• Pourquoi une partie des dirigeants israéliens, et Benjamin Netanyahou en tête, ont-ils renforcé économiquement et politiquement le Hamas tout en affaiblissant systématiquement l’autorité palestinienne de Mahmoud Abbas ?


• Pourquoi le gouvernement israélien actuel a-t-il renforcé la présence militaire en Judée-Samarie, tout en dégarnissant les forces qui surveillaient la frontière de Gaza ?


• Comment comprendre les rapports entre les organisations fondamentalistes musulmanes insensibles aux droits de l’homme les plus élémentaires, et les principes religieux de l’islam dit « modéré ».


• Enfin l’État d’Israël peut-il détruire le pouvoir du Hamas à Gaza sans que cela entraîne une crise humanitaire terrible pour les habitants civils.

 

Reste que le comportement sanglant et abject des terroristes du Hamas samedi dernier ne peut avoir comme résultat que la volonté israélienne d’éradiquer totalement cette organisation. Les semaines qui viennent nous diront si cela est encore possible.

 

 

Dr Alain Michel, historien, Jérusalem
Publié ou mis à jour le : 2023-10-11 07:31:15

07/11/2023
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PRIGOJINE LE BOUCHER DE POUTINE

D'après le "Washington Post", Evgueni Prigojine, le patron de la milice Wagner, aurait proposé aux services secrets ennemis de leur révéler des positions militaires russes, en échange du retrait des troupes ukrainiennes de Bakhmout.

 

Sur fond de guerre de l'information, il faut être prudent, mais la question se pose : que cherche l'ancien homme des basses oeuvres de Vladimir Poutine, devenu chef de guerre ?

 

Et que cache-t-il ? Depuis que le conflit a éclaté, le monde a découvert son visage. Menaces sur les réseaux sociaux, recrutements de prisonniers, accusations de crimes de guerre : sa puissante milice privée a éclipsé l'armée russe et terrifie l'Europe.

 

Enquête sur les traces de cet ancien délinquant de Saint-Pétersbourg, passé de la prison au monde des affaires.

Pour voir la vidéo cliquez sur le lien ci-dessous :

 

 

https://www.france.tv/france-2/complement-d-enquete/4962394-prigojine-le-boucher-de-poutine.html


26/06/2023
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WAGNER L'ARMEE DE L'OMBRE DE POUTINE

L'opacité, le crime, et l'impunité. Voilà comment l'on pourrait définir le groupe Wagner, une armée privée de mercenaires travaillant pour le compte de la Russie, même s'ils s'en défendent.

 

On les retrouve dans plusieurs pays où ils sont employés pour, officiellement, gérer la sécurité.

 

En réalité, le groupe est l'exécuteur des basses oeuvres de Poutine.

 

 

"Wagner, l’armée de l’ombre de Poutine", réalisé par Alexandra Jousset et Ksenia Bolchakova et produit par Capa Presse, a été récompensé par le prix Albert-Londres 2022 dans la catégorie audiovisuel.

 

 

Pour voir la vidéo cliquez sur le lien ci-dessous :

 

https://www.france.tv/documentaires/politique/3140025-wagner-l-armee-de-l-ombre-de-poutine.html

 


26/06/2023
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OCTROI DEROGATOIRE DE CHAUFFAGE

chauffage

 

Oyez, oyez, braves gens, damoiselles et damoiseaux,
Troubadours, faites rugir les trompettes, les tambours,

Prêtez- moi donc votre oreille !

Point ne possédois de pull à col roulé

Par pendaison sera chatié !


10/10/2022
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DU REVE A LA REALITE

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Du rêve à la réalité il n'y a qu'un   ............  siècle  !!


08/10/2022
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LIAISONS DANGEREUSES DE SARKOZY AVEC LE QATAR

Un rapport de la police anticorruption montre que Nicolas Sarkozy aurait fait financer a posteriori par le Qatar, en 2011, des prestations de communication réalisées par le publicitaire François de La Brosse pour sa campagne électorale de 2007, puis pour l’Élysée. Aucune d’entre elles n’avait été facturée.

 

Fabrice Arfi et Yann Philippin

27 septembre 2022 à 19h54

 

 

 

Une nouvelle affaire judiciaire pourrait menacer Nicolas Sarkozy. Déjà condamné à deux reprises en première instance dans les affaires Bismuth et Bygmalion et mis en examen dans l’affaire des financements libyens, l’ancien chef de l’État est désormais dans le viseur de la justice pour ses liens financiers avec le Qatar. C’est la conclusion d’un rapport de police explosif, auquel Mediapart a eu accès.

 

 

Ce rapport, établi le 21 janvier 2020 par l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) de la police judiciaire, pointe des faits susceptibles de « revêtir une qualification pénale », en particulier un possible financement illégal de la campagne présidentielle 2007 du candidat Sarkozy. Lequel est soupçonné d’avoir fait payer par le Qatar, quatre ans après son élection, des prestations de communication qu’il n’avait pas déclarées dans son compte de campagne.

 

 

De gauche à droite : Hamad ben Jassem al-Thani, Nicolas Sarkozy, François de La Brosse et Claude Guéant. © Photo illustration Sébastien Calvet / Mediapart avec AFP

 

 

Ces faits ont été découverts dans le cadre de l’information judiciaire pour « corruption » sur l’attribution du Mondial 2022 de football au Qatar, menée par le juge d’instruction Marc Sommerer.

 

 

L’enquête porte en particulier sur le fameux déjeuner de l’Élysée du 27 novembre 2010, organisé juste avant le vote de la Fédération internationale de football (Fifa) qui a désigné l’émirat comme pays hôte.

 

 

Les agapes avaient réuni le président Sarkozy, son bras droit à l’Élysée Claude Guéant, le prince héritier (et actuel émir) du Qatar Tamim ben Hamad al-Thani, le premier ministre de l’émirat Hamad ben Jassem al-Thani, et le vice-président de la Fifa Michel Platini.

 

Nicolas Sarkozy est soupçonné d’avoir convaincu à cette occasion Michel Platini de voter pour le Qatar, en échange de plusieurs contreparties accordées par l’émirat, dont le rachat du PSG

 

 

Les policiers de l’Office anticorruption ont donc fouillé dans les archives de la présidence de la République. C’est ainsi qu’ils ont découvert que sept mois après le déjeuner de l’Élysée, Nicolas Sarkozy aurait demandé, par l’entremise de son ministre de l’intérieur Claude Guéant, un service au premier ministre Hamad ben Jassem al-Thani : accorder un contrat de 2 millions d’euros à François de La Brosse, ancien conseiller en communication du candidat puis du président Sarkozy. 

 

 

Les documents saisis par les enquêteurs montrent que ce contrat qatari devait compenser des prestations réalisées gratuitement par François de La Brosse (270 000 euros pour la campagne de 2007 puis 2,42 millions pour l’Élysée), qui n’avaient été ni payées ni déclarées à l’époque. Le communicant a reçu, à partir de septembre 2011, au moins 600 000 euros du Qatar sur les 2 millions prévus.

 

Des mails de l’Élysée au cœur du dossier

Alors que ce financement pourrait être assimilé à un renvoi d’ascenseur de l’émirat, moins d’un an après l’aide précieuse que lui a apportée Nicolas Sarkozy pour obtenir la Coupe du monde, le juge Sommerer a pourtant estimé que les faits sont « étrangers » à son enquête. Il a préféré transmettre le rapport de police au Parquet national financier (PNF) le 31 janvier 2020. 

 

 

Le PNF a décidé pour sa part de ne pas ouvrir de nouvelle enquête. Interrogé par Mediapart, le PNF indique avoir choisi de transmettre le rapport à la juge Aude Buresi, chargée de l’enquête sur les soupçons de financement de la campagne 2007 de Nicolas Sarkozy par la Libye.

 

 

Le PNF n’a pas souhaité justifier ce choix, indiquant seulement que le rapport était « susceptible de présenter un intérêt » dans l’enquête menée par la juge Buresi, laquelle a saisi la police le 5 mars 2020 afin de « procéder à des investigations » complémentaires. 

 

 

Les documents déjà saisis par les enquêteurs dans les archives de l’Élysée, consultés par Mediapart, sont des échanges de courriers avec le communicant et publicitaire François de La Brosse. Sa femme est une amie d’enfance de Cécilia Attias, épouse à l’époque de Nicolas Sarkozy.

 

 

En 2006, lors d’un dîner, Nicolas Sarkozy avait demandé conseil à François de La Brosse en matière de stratégie internet. C’est ainsi que le publicitaire a proposé de créer « NSTV », une webtélé qui suivrait en vidéo la campagne du candidat Sarkozy – une innovation à l’époque.

 

Après avoir piloté sa stratégie internet lors de la présidentielle de 2007, François de La Brosse est devenu pendant trois ans conseiller du président Sarkozy. Il a disposé d’un bureau à l’Élysée et réalisé plusieurs sites web pour l’exécutif, dont le site officiel de la présidence.

 

 

Mais il a été brutalement remercié à la suite d’une divergence stratégique. « Je me souviens de ton coup de téléphone, dans l’avion présidentiel en direction du Golfe, m’annonçant que j’étais viré parce que j’avais eu l’audace folle de suggérer que la page Facebook du président n’était pas une bonne idée », écrit François de La Brosse à Claude Guéant, qui était secrétaire général de l’Élysée à l’époque de ce coup de fil.

 

 

Mi-2011, l’agence de communication de François de La Brosse, ZNZ Group (qui opère sous le nom commercial « Z »), traverse de graves difficultés financières. C’est alors que le communicant écrit à Nicolas Sarkozy pour lui rappeler qu’il n’a jamais été rémunéré pour le travail effectué pour sa campagne électorale puis pour l’Élysée.

 

 

Le communicant François de La Brosse en janvier 2007 pendant la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, dont il a réalisé le site internet. © Dominique Faget / AFP

 

 

Selon un autre courrier de François de La Brosse, le président Sarkozy a alors demandé à Claude Guéant, devenu ministre de l’intérieur en février 2011, de l’« aider » en lui trouvant des contrats de communication.

 

 

Le 28 juin 2011, le publicitaire remercie Claude Guéant pour « son appel téléphonique » et détaille les pistes qui mériteraient « une action rapide » : un projet à 2 millions d’euros par an avec EDF, un deuxième à 1,5 million annuel avec la Française des jeux, et deux autres avec le Koweït et le Qatar. 

De la colère…

La piste qatarie est la plus chaude. « J’ai eu un excellent contact à Doha avec le cheik Al Hussain al-Thani, gendre du PM [le premier ministre Hamad ben Jassem al-Thani – ndlr] et président de Q.Media, la plus importante société de communication au Qatar », détaille François de La Brosse dans son courrier du 28 juin 2011.

 

 

Le 2 juillet, sa société ZNZ Group signe un accord préliminaire (« memorandum of understanding ») avec Q.Media en vue de créer une coentreprise à 50-50, qui réaliserait une webtélé nommée « Enjoy Qatar », dédiée à la promotion de l’émirat comme destination touristique.

 

François de La Brosse espère aussi vendre ZNZ au Qatar pour 8 millions d’euros.

 

 

Mais dès le lendemain, l’affaire prend une autre tournure. François de La Brosse vient d’apprendre que s’il ne remporte pas rapidement de nouveaux contrats, sa société va déposer le bilan « tout début septembre ». Il laisse éclater sa colère dans un nouveau courrier à Claude Guéant.

 

 

 

« Malgré ton soutien amical et le fait que le PR [président de la République – ndlr], à travers mon dernier courrier dont il t’a fait parvenir une copie, t’ait demandé de m’aider, me voilà arrivé au bout de cette histoire commencée en septembre 2006, et qui se termine aujourd’hui par le dépôt de bilan d’une entreprise que j’ai créée il y a 31 ans et que naïvement j’ai mis au service du candidat puis du président, écrit-il.

Non seulement je n’ai tiré aucun avantage de cette épopée, mais j’ai été gravement pénalisé. »

 

 

François de La Brosse indique qu’il va « facturer l’Élysée de l’ensemble des prestations réalisées ». Il ajoute qu’il compte aussi rédiger « un livre retraçant toutes ces aventures vécues depuis 1979, année où [il a] fait la connaissance de Cécilia, jusqu’à aujourd’hui ». « Cela va me permettre de mettre en page 5 mots qui résument toute cette épopée : brutalité, cynisme, trahison, égocentrisme, injustice », ajoute-t-il. 

 

 

Le 8 juillet 2011, François de La Brosse revient à la charge dans un nouveau courrier à Claude Guéant : « Ne souhaitant pas importuner le PR avec les problèmes que je rencontre, je reviens vers toi comme convenu pour te faire une synthèse de la situation. » 

 

 

Le publicitaire indique que son commissaire aux comptes « a relevé une liste de travaux réalisés et non facturés par [sa] société de septembre 2006 à aujourd’hui. Il s’agit, au titre de la campagne, et qui concernerait plutôt l’UMP [aujourd’hui Les Républicains – ndlr] : 360 000 euros HT [hors taxes]. En ce qui concerne l’Élysée, s’agissant de [son] détachement et des 14 sites internet réalisés dont celui de l’Élysée, le montant est de 2,12 millions d’euros HT ».

… à la menace

Mais contrairement à ce qu’il écrivait cinq jours plus tôt, François de La Brosse n’a plus l’intention d’envoyer les factures. « Pour des raisons d’évidence, je te sais d’accord avec moi pour éviter absolument que nous en arrivions à facturer l’Élysée ou l’UMP. Il faut trouver vraiment une solution », indique-t-il à Claude Guéant.

 

 

Pourquoi une telle facturation était-elle impossible ? Était-ce parce que les prestations du publicitaire n’avaient pas été déclarées dans le compte de campagne de Nicolas Sarkozy ? Sollicité par Mediapart, l’ancien chef de l’État n’a pas donné suite. Claude Guéant et François de La Brosse ont refusé de répondre.

 

 

Le 28 juillet 2011, le publicitaire envoie un décompte révisé à Claude Guéant : il estime désormais les prestations à 270 000 euros pour la campagne, et à 2,42 millions pour l’Élysée, soit un total de 2,69 millions.

 

 

François de La Brosse se fait menaçant : « Notre commissaire aux comptes va établir les factures. […] C’est, à mon avis, et tu le partageras, une situation qu’il faut absolument éviter compte tenu que nous allons rentrer dans un process incontrôlable sous l’égide du tribunal de commerce. »

 

En clair, si les factures venaient à être versées au dossier de liquidation, l’affaire pourrait s’étaler sur la place publique.

 

Le 12 aout 2011, ZNZ envoie une facture de 600 000 euros à Q.Media au titre du projet de webtélé touristique « Enjoy Qatar ». Deux jours plus tard, François de La Brosse s’envole pour Doha pour faire un point sur le dossier. Mais la société qatarie tarde à verser les fonds.

 

 

Le président Nicolas Sarkozy et le premier ministre du Qatar Hamad ben Jassem al-Thani, le 19 mars 2011 à l’Élysée. © Pierre Verdy / AFP

 

 

Le 6 septembre 2011, le publicitaire écrit à Nicolas Sarkozy en personne pour solliciter un rendez-vous : « Le tribunal de commerce va découvrir des prestations réalisées et non facturées pendant la campagne et pour l’Élysée, pour environ 2,5 millions. Pour éviter ce désastre, avec Claude Guéant, nous avons des pistes mais rien de concret à ce jour. […] J’ai vraiment besoin de ton aide. »

 

 

Coïncidence : au cours de ce même mois de septembre, Q.Media règle la première facture de 600 000 euros. Et ZNZ envoie le mois suivant une seconde facture de 200 000 euros.

 

 

Mais cela ne suffit pas à sauver ZNZ du dépôt de bilan. Le 22 octobre 2011, François de La Brosse écrit de nouveau à Nicolas Sarkozy. « C’est à l’ami et non au président que je m’adresse. Tu sais à quel point je me suis investi à tes cotés. Tu sais aussi que je n’ai jamais été rémunéré pour tout ce que mon équipe et moi avons pu mettre en place tant pour ta campagne que pour l’Élysée. […] Avec Claude Guéant nous avons essayé de vendre Z au Qatar, sans succès pour l’instant. Ce serait la meilleure solution. Ou alors faire quelque chose avec Vincent Bolloré. Dis-moi ce que tu en penses et si tu as le temps parlons-en. » 

Sarkozy répond tout de suite

Le publicitaire revient à la charge le 9 janvier 2012, dans un nouveau courrier au président Sarkozy. Il lui annonce qu’il va bientôt subir une opération chirurgicale, avant d’ajouter : « Comme tu le sais, Z ne s’est jamais remis financièrement de mon engagement auprès de toi. »

 

 

« Très gentiment tu m’avais proposé de m’aider, poursuit-il. Avec Claude, nous nous sommes rapprochés du Qatar, à travers le gendre et neveu du premier ministre qui est le CEO [PDG – ndlr] de Q.Media. »

 

Mais François de La Brosse redoute que le projet de webtélé touristique « n’avance pas assez vite pour éviter [le] dépôt de bilan ». « HBJ [le premier ministre Hamad ben Jassem al-Thani – ndlr] aurait donné son accord, selon l’ambassadeur et Claude. Il faudrait tout simplement accélérer le process », conclut-il.

 

 

Le président Sarkozy répond dès le lendemain. « C’est avec une grande émotion que je reçois le petit mot que tu as eu la gentillesse de m’adresser, écrit-il à son ancien conseiller. Je sais que tu trouveras l’énergie et le courage de passer ce moment difficile. Sois assuré de tout mon soutien. Avec toute mon affection et ma fidèle amitié. »

 

 

Le « soutien » du chef de l’État semble avoir payé. Dans les archives de l’Élysée, les policiers de l’OCLCIFF ont retrouvé un projet de courrier du 22 mars 2012 de François de La Brosse à un individu qu’il qualifie d’« Excellence », et avec lequel il s’est entretenu la veille par téléphone.

 

« Le président Sarkozy, le ministre de l’intérieur Claude Guéant et moi-même étions vraiment heureux de savoir que le premier ministre du Qatar avait accepté de prendre une participation dans le capital de la société Z », écrit-il.

 

 

François de La Brosse ajoute que le projet de webtélé touristique « Enjoy Qatar », d’un montant total de 2 millions d’euros, « est aujourd’hui en stand-by », depuis le paiement en septembre 2011 du premier acompte de 600 000 euros par Q.Media, « au titre du consulting et de la fabrication du projet pilote ».

 

Au moins 600 000 euros ont été versés par le Qatar.

« Le complément est toujours en attente alors que le projet est prêt », conclut François de La Brosse, soulignant que le « cheik Al Hussain al-Thani, CEO de Q.Media, est à mon sens en attente d’un accord définitif pour lancer la JV [coentreprise – ndlr] et la finalisation de la TV “Enjoy Qatar” »

 

 

Un mois plus tard, la société de François de La Brosse envoie une troisième facture de 1,2 million d’euros à Q.Media. Finalement, il a donc facturé 2 millions d’euros au titre du projet « Enjoy Qatar », dont 600 000 euros ont été payés. On ignore si la société qatarie a finalement versé le solde de 1,4 million.

 

 

Nous n’avons pas trouvé trace sur Internet de la webtélé « Enjoy Qatar ».

Interrogé au sujet de ce projet et du travail qu’il a réalisé, François de La Brosse a refusé de répondre. La société Q.Media, qui s’appelle désormais Elan, n’a pas donné suite à nos questions, tout comme l’ancien premier ministre Hamad ben Jassem al-Thani.

 

 

Le « soutien amical » de Nicolas Sarkozy et de Claude Guéant n’a en tout cas pas suffi à sauver l’agence de François de La Brosse. Le premier ministre qatari et son gendre n’ont finalement pas racheté ZNZ Group. En décembre 2012, la société a été placée en redressement judiciaire. Une partie des actifs a été rachetée par une autre société française. Et ZNZ a finalement été placée en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce en 2014.

 

 

Source : Médiapart


07/10/2022
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