MES POESIES
Depuis ma tendre enfance je joue avec les mots,
Ces mots qui me racontent et sont aussi "cadeaux"
Ils s'en vont, ils s'en viennent sans trop savoir comment,
Décrivant joies et peines et autres sentiments.
J'aime à les écrire pour ne jamais les dire,
J'ai peur que prononcés,ils ne soient "abîmés"
Avec vous je veux bien un peu les partager,
Comment ? tout simplement, il vous suffit d'entrer !
MARTINE
MINES DE CRAYONS

Ce poème a été écrit en hommage à ma fille Valérie, artiste-peintre.
Elle a réalisé ce tableau alors qu’elle était encore élève à l’école des Beaux-Arts de St Etienne.
Une mine de crayon noir raconte notre histoire,
Grand-mère et petite fille ont le génie de l'Art,
Je la revois enfant, sachant à peine s'asseoir,
Mélangeant les couleurs devant son écritoire.
Pouvant rester des heures dessinant l'infini,
Coloriant le soleil pour allumer la vie.
Je revisite alors mes plus jeunes années,
Cahiers de poésies par ma mère illustrés,
Exaltée de fierté devant les compliments,
Adressés à l'artiste et reçus par l'enfant.
Les dessins, les figures qualifient de mature,
Cette petite fille sage qui croque la nature,
Mille traits de fusain écorchant le grammage,
Au fil des saisons se commuent en images.
Elle partira un jour pour étudier le beau,
Au temple ou bustes et plâtres traquent les amateurs,
Douée de mimésis elle verra sonner l'heure,
Où sculptures et peintures la vêtiront d'un sceau.
Ses tableaux nous renvoient à son ontologie,
Ses œuvres tout à la fois bavardes et cachottières,
De ce monde imparfait trace calligraphie,
Ou masque sa pensée, intime et étrangère.
La lumière et l'obscur, la couleur et le sombre,
Reflètent l'expression de mille émotions,
L'immanent de l'ouvrage transcende en dimension,
Cette jeune portraitiste dont je deviendrai l'ombre.
Vous dire comment ce don a traversé les ans,
C'est parler d'un mystère dont j'ignore les tenants,
Tout comme la poésie laisse aux mots la parole,
Il égrène le temps, distribue les oboles,
Et devant ses croquis vous peindre ma fierté,
Ravirait à mes jours plus que l'éternité.
Le jour ou le sommeil endormira mes yeux,
Chaque jour, pour toujours et du plus haut des cieux,
Je la contemplerai devant son chevalet,
Le murmure de mon souffle deviendra vibration,
Pour réchauffer son être de mon admiration.
Martine
NATHALIE
C'est une histoire banale d'un père et son enfant,
Qui dut apprendre trop tôt la valeur de l'instant,
Maltraités par le sort comme je le fus aussi,
Ils entrèrent dans ma vie, peu à peu et sans bruit
Petite fille du dimanche aux repos tourmentés,
Qui s'accrochait aux manches pour ne pas se noyer,
La vie et ses parents n'ayant pu l'épargner,
Me prendra par la main oubliant l'anxiété,
Unissant à la mienne l'enfance fracassée
Jusqu'à mon dernier jour ses mots résonneront,
Du haut de ses sept ans déjà pleins de raison,
Paroles de mercis pour les soins prodigués,
A ce papa si seul dont elle doit s'inquiéter.
Tout est écrit je crois, l'amour n'a pas de loi,
Le courant passera ce jour là entre nous,
De l'affection portée ne soyez pas jaloux,
Elle a ses deux parents et mon espace à moi.
Comment vous raconter l'amour de ces deux là,
Le mystère camouflé derrière le mot papa,
Elle prononce les mots nés dans sa tête à lui,
Et chacun de ses gestes célèbrent Nathalie.
Elle est tout à la fois joyeuse et réfléchie,
Intrépide et prudente, précise, organisée,
Elle avance son roi pour la partie gagnée,
Avec tact et esprit sans nulle flatterie.
Alors s'égrèneront des perles de bonheur,
Enfance, adolescence, reflets de ses victoires,
Sérieux, applications, études et labeurs,
Tableaux d'honneurs pour elle, pour lui habits de moire.
Sur chemins de droiture ils cheminent ensemble,
Guidés vers leurs destins par l'amour silencieux,
Traversant les épreuves, unis par un seul vœu,
Que leurs pas les conduisent et toujours les rassemblent.
Puis ses cheveux à lui se vêtiront de blanc,
Quand d'enfant à son tour elle deviendra maman,
Un dimanche de juin célébrant les papas,
Son paquet s'ouvrira sur deux tout petits pas.
Chaque jour que Dieu fait et pendant des années,
Attentions, bienveillance nous ferons avancer,
Ces « mille » instants de vie qu'elle tient entre ses mains,
Et soufflent sur nos jours subliment nos demain,
Et pour lui dire merci et combien nous l'aimons,
J'aimerai que scintille l'or de son prénom.
Martine
A SALOME
A SALOME
Je t'ai tant attendue, tu es enfin venue,
Enveloppée de voiles, pour mon admiration,
Danseuse de l'histoire, tu me dois ton prénom.
Du jour de ta naissance à ton adolescence,
Nous avons partagé tant de matins ensemble,
Si en grande sagesse à maman tu ressembles,
Tu héritas de moi, de la persévérance.
Si parfois j'insistais sur leçons et devoirs,
Un beau jour de juillet t'a couronnée de moire,
J'ai foi en l'avenir quant à ton devenir,
Je prie pour un chemin parsemé de sourires.
Des Cinque Terre à Paris et d'Athènes à New-York ,
Je te suis en pensées, logée dans ta remorque,
Depuis plusieurs années, je t'écris ton histoire,
Ainsi de tes ancêtres tu garderas mémoire.
Ma fille m'a fait un jour, le plus beau des cadeaux,
"La belle au bois dormant" tranquille, en son berceau.
Martine
le 15/08/2024
A MELINE
Mélinette, la coquinette, ta naissance fût une fête,
En ce jour de juillet, sortie de ta cachette,
Perdue dans ta couchette, petite miniature,
Du ciel tu as volé deux perles les plus pures.
Pendant bien des années, en petit trublion,
Tu allégeais nos jours d'un vol de papillons,
De midi à minuit, de bottines en claquettes,
De ta folle énergie réveillais maisonnette.
Je te revois encore sur tes leçons d'histoire,
En élève appliquée pour ne pas décevoir,
Comme ton frère avant toi, revêtue de diplômes,
Tu déposes en nos cœurs la fierté de ton baume.
J'ai foi en ton chemin, dotée de mille dons,
D'une seul coup de baguette tu gommes complications,
D'aussi loin que tu sois, du fond des U.S.A,
Tu sais nous t'attendons Méline, car nous t'aimons.
Martine
Le 15/08/2024.
POUR MORGAN.
Amoureux des nuages,
Adulte et enfant sage,
Tu es de nos deux coeurs,
Merveilleux Professeur.
Que la joie et la fête,
Illuminent ta tête,
Nos baisers, nos calins,
Colorent tes lendemains.
Martine
Pour Morgan, notre petit-fils, Professeur EPS et détenteur du Brevet de Parachutiste.
GRAND-MERE
GRAND-MERE
Tu es partie depuis si longtemps,
Et pourtant ………..
Mon chagrin multiplie les ans.
Eclairant ma mémoire, le ciel de ton regard,
Charmait la galaxie en congédiant les nuits.
Presque sexagénaire, tu fus mon père, ma mère,
M’habillant de sourires pour me taire tes galères,
Vivre l’instant présent pour semer l’insouciance,
Remparts de rituels pour nourrir ma confiance,
Et pourtant ……
Une partie de moi-même demeure tout près de toi,
Je reste cette enfant qui ne grandira pas.
Chaque jour pour l’école tu te levais poltron,
Pour tresser mes cheveux, empeser mes jupons,
Me vois-tu de là-haut toujours bien repassée,
Célébrant par le fer un peu d’hérédité ?
Cette pierre muette où s’est inscrit ton nom,
Enterrait ton histoire et les générations,
De paroisses en registres j’ai remonté le temps,
Pour te dire tout bas qui tu étais vraiment.
Emigrant Savoyard ton grand-père Louis,
Epousera à Lyon une fille du midi,
Héritant de ta mère deux perles de l’océan,
Je lis ton atavisme rédigé en Allemand.
Ton désir de voyages et de pays lointains,
Me raconte au présent l’histoire de tous les tiens,
Ils épousaient les cimes ou fréquentaient la mer,
Et d’Europe en Afrique ils cultivèrent la terre.
L’épopée de tes jours, randonnée sédentaire,
Je chausserai pour toi les bottes de Gulliver,
Ta rigueur et ton goût pour l’ordre établi,
Seront les maitres-mots de mon chemin de vie.
Pain dur de la semaine et nous voilà parties,
Pour la place Bellecour, pèlerinage du jeudi,
Cheminer en charrette en caressant l’ânon,
Nourrir de compassion bataillon de pigeons.
Puis…. Pour se réchauffer les jours froids de l’hiver,
Brioches aux Pralines et chocolats fumants,
Nous influaient l’élan pour une semaine entière,
Efficient placébo de tout médicament.
Toi qui travaillait dur et vivait chichement,
Tu te privais souvent pour mes bonheurs d’enfant,
Entends-tu de mon cœur s’envoler les mercis,
Elevant des remparts t’abritant de l’oubli.
Parfois j’entends ta voix qui dit :
« Ne pleure pas, je ne suis plus qu’un souffle mais je veille sur toi »
Martine
A MA SOEUR
A MA SOEUR
Quel beau jour que ta fête, mais c'est le coeur serré,
Que ton oubli de vie, la réduise en pensées.
Enfant illégitime et de père inconnu,
La honte et puis l'opprobre saluèrent ma venue,
Légère et malicieuse, joyeuse et si radieuse,
Tu rendras le sourire à une mère heureuse.
Deux années nous séparent mais dans le caractère,
Ces deux soeurs hémisphères sont filles de la terre.
Je me revois cachée, au fond de ce préau,
Timide et apeurée, à ne pas dire un mot,
J'honnis récréation où fusent vexations,
La bannière du mensonge arborée par mon nom,
Me revêt d'injustices et d'incompréhension.
Du haut de tes six ans, tu dresses des bastions,
Alors dans le silence nous cheminons unies,
En méprisant ensemble les voix de ces « on dit »
Devant mes détracteurs brandis la répression,
Tes fortifications habillent mon prénom.
Plus que des barricades l'amour fortifie,
Actrices de nos jeux, complices de folies,
Niant du même mot les mêmes interdictions,
Nous souffrirons alors de doubles punitions.
Du calice d'aîné je bois jusqu'à la lie,
Partageant chaque jour tes sources d'énergie.
Devant l'adolescence et ses premiers émois,
Un seul de tes regards leur dictera ta loi,
Mais dès le jour fatal ou « l'amour a cessé »
C'est ma bouche et mes mots qui devront l'annoncer.
Capeline d'hermine et tulle sous le vent,
Nous empruntons ensemble la route des tourments,
Pour toi comme pour moi unions de pacotille,
Nous offrirons pourtant ton garçon et ma fille.
Des chants, de la gaieté tu n'as rien oublié,
Ce sont des farandoles d'oboles et d'amitié,
Fous-rires et confidences, conseils de prudence,
Tu te moques de moi et me dis « rabat-joie »
Un matin de printemps, bien avant tes trente ans,
Ta première déroute, ce maudit accident,
Plus rien dans cette vie ne sera comme avant,
Tu n'es plus que céleste qui brille au firmament.
Je sais que de là haut tes yeux m'observent encore,
Et lisent ton prénom tout au fond de mon coeur,
Quel mot éternel pour écrire mieux la vie,
Que ces cinq lettres d'or qui célèbrent MARIE.
Martine
Ce poème est dédié à ma soeur, décédée le 26 Mai 1979 à l'âge de 24 ans , pour toujours dans mon coeur .
VINCENT
Ton prénom prononcé partout sur la planète,
Eclate de couleurs, allume les comètes.
Tu fus très près de Dieu mais l'ombre te fit peur,
Et tu choisis la vie, ignorant ses douleurs.
Théo de son soutien croit en tes lendemains,
Il est ami et frère et subis tes galères,
De La Haye à Paris, d'Anvers à ST Rémy,
Tu peins et lui expose ton art en galeries.
Ton milieu, sa morale avec ses conventions,
N'épouseront jamais tes moindres convictions.
Tu as ouvert les yeux sur les petites gens,
Tes tableaux les racontent les tirant du néant.
A chemin tourmenté, équilibre fragile,
Et tel un funambule tu marches sur un fil,
D'amour en amitié tu ne puis point trouver,
Un être de lumière pour vivre à tés côtés.
Tu fus souvent bien seul, peignant les sentiments,
Au gré de tes humeurs, couleur ou noir et blanc.
Après bien des années de travail, de misère,
Méconnu dans ton Art, décrié par tes pairs (père)
Ton travail acharné, de natures en portraits,
Te qualifie enfin de Précurseur du Trait.
Pourquoi alors qu'au loin tu aperçois la gloire,
Décides- tu soudain d'un point à ton histoire ?
Et ce frère aimant bien au- delà des mots,
Qui quelques mois plus tard partagea ton repos ?
Secondes de folie mirent fin à deux vies,
D'un être trop sensible et de son frère Génie !
Tu ne fus pas heureux, incompris, tourmenté,
Décrivant le réel mais toute vérité,
Avant de prendre forme doit être méditée !
Pourtant VINCENT tu vois, sur ta vie sur ton œuvre,
Il n'y a plus de voile,
La lumière et la vie s'envolant de tes toiles,
Ont mené ton destin au sommet des étoiles.
MARTINE
VICTOR M'ENTENDEZ VOUS ?
Victor m'entendez-vous, je suis là près de vous,
Au pied de ce tombeau ou git votre génie,
Pouvons-nous converser, Victor, est-il trop fou,
D'imaginer que vit en ce lieu votre esprit ?
Je viens de mettre un peu mes pas sur vos chemins,
En l'hôtel de Rohan qui m'a pris par la main,
Je vous imaginais penché sur l'écritoire,
Où vous rendaient visite des écrivains notoires.
Tout près de votre buste je fus tout en frisson,
Par cet art de l'espace qui fige votre nom.
Victor m'entendez-vous, je suis là près de vous,
Ecouter mon prénom par vous serait si doux.
Deux siècles nous séparent qui ont conduit l'histoire,
Vers plus de libertés dont ne peuvent user,
Que les êtres nantis et les âmes bien nées.
Car seuls ces attributs permettent d'y goûter
Vous qui aviez rêvé de cette égalité,
Qui voit naître les hommes sur sol fraternité,
Vous aviez porté haut le mot révolution,
Nous l'avons galvaudé en gommant son action.
Sommes- nous à vos yeux plus noirs que nos aïeux,
Nous qui ne craignons plus ce Dieu le roi des cieux ?
Victor m'entendez-vous, nous avançons sans but,
Nos parents, nos enfants ne nous motivent plus,
Morale et civisme n'ont plus cours ici bas,
Et d'aucuns des puissants s'arrogent tous les droits.
Vous pensiez la terreur abolie sur la terre,
C'est sur le terrorisme que s'ouvre une nouvelle ère,
Au nom des religions continuent les massacres,
Conquête du fanion à supplanté le sacre.
Votre profond respect habillait « les petits »
Ils n'ont plus de fierté que par vos poésies,
Ils travaillent, ils s'échinent pour tous ces Thénardier,
Et doivent parfois choisir manger ou se loger.
Au fond l'humanité n'a pas beaucoup changé,
Elle a l'art d'ignorer et de dissimuler,
La misère de son peuple lèpre de la société.
Et puis cet échafaud qui vous faisait horreur,
Est enfin remisé mais au fond de leurs cœurs,
Ils osent qualifier la valeur d'une vie,
Selon que l'on soit né là-bas ou bien ici.
Victor écoutez-moi, il y a tous ces enfants,
Dont on nie tous les droits en s'appelant parents,
Ils sont au plus jeune âge séparations et maux,
Et n'ont que le silence pour unique repos.
Victor je ne suis pas de ces âmes qui passent,
Glorifiant mon statut, cloisonnant mon espace,
Je souffre de ces plaies qui abîment la terre,
Coloriant l'avenir de pensées délétères.
Victor m'entendez-vous, donnez moi de l'espoir,
Dites- moi qu'un matin ou à l'aube d'un soir,
Mille voix de la foule chanteront l'oraison,
De toutes les splendeurs qu'évoquent votre nom .
Victor m'entendez-vous, je reviendrai souvent,
Notre mois de naissance à du tempérament,
Et comme je me levais au regret de l'instant,
J'entendis dans un souffle .... merci… je vous attends…..
Martine
LYON MA VILLE
Ville bimillénaire, colline de lumière,
Apprendre tout de toi est de longue durée,
De notre République depuis Romanité,
Ton emblème rugissant dès notre antiquité,
Tu trônes maintenant au siège Humanité.
Chamarré de cultures créant communautés,
Colonisant l'espace de moult architectures,
Deux fleuves antagonistes arrosent ta nature,
Que foulent de milles pieds tes marchands et banquiers.
Cassini déplie-toi que je vois son tracé !
Ici ce sont quartiers de ses rues médiévales,
Où se côtoie là-bas l'urbain revisité,
Mes pas sautant les ans de l'amont en aval.
Par la pelle et la pioche a rejailli l'histoire,
Gradins du Grand Théâtre ou tremble ma mémoire,
Je ferme un peu les yeux et je les vois debout,
Ce Conseil des Trois Gaules bravant la chaleur d'août.
Mais venez ! Suivez-moi dans ma marche du temps,
Et partons tous ensemble pour les siècles suivants.....
Bourgeois, arquebusiers qui gardent la cité,
Dans leurs côtes de mailles et de fer gantelées,
Sitôt que la trompette sonne le Chasse-Ribaud,
Happent les vagabonds et dispersent badauds.
L'Hôpital Général dispensant Charité,
Modèle des hospices de France Royauté,
Récite au gré des heures, prières, incantations,
Il y a tant de misère à soulager à Lyon.
Traite-foraine, droits de rève abolis par Louis,
Des villes impériales arrivent débitants,
Grandeur des Foires Franches portée aux quatre-vents,
Négociants et clients commercent à crédit.
De quinzaine en quinzaine les voila par nuées,
Cajolant le hasard, tirant la loterie,
Magistrats et Recteurs président récluseries,
Avant que par morale le jeu soit supprimé.
Le Bistanclaquepan cadence de l'armée,
De ces artisans d'art commande le métier,
Taffetas et dentelles, gentillesses de mode,
Par milles balles de soie, tu imposes ta loi,
Façonnés et brocarts, ornements du bon Roy,
Tisseront à l'élite, bleus pourpoints en vogue.
Bellecour, ses façades totalement détruits,
De la révolution assumeront le prix,
Bonaparte salué comme un nouveau messie,
Du bout de sa truelle réveillera la vie.
Tes révolutionnaires exigent de tout temps,
De vivre en travaillant ou mourir combattants,
Pourtant, minoritaires, des Voraces aux Chalier,
Traces de la terreur te garde modérée.
Ramasseurs de potins après leurs dévotions,
Clabaudaient, caladaient au milieu des clergeons,
Puis tous ces bons amis se mettaient en goguaille,
Pour la taverne « Tunes » où l'on faisait ripaille.
Le repos, en soirées, serrés au poulailler,
Pour l'ouverture de « Faust » de nouveau rassemblés.
A la « queue de poireau » certains s'enivreront,
Avant de remonter sur les hauteurs de Lyon.
Si carême de nos jours n'a signification,
Ils étaient de ce temps privés de collation,
Quand le jeun et le maigre étaient communes peines,
Quand les teints étaient blêmes au bout de quarantaine,
Que de voix appelaient « Dimanche des Brandons »
Ou guirlandes de bugnes offraient consolation.
Mourguet lui donna vie mais il n'est point d'usage,
Même pour un Lyonnais d'atteindre ce grand âge,
Gazettes de la ville, Guignol et Madelon,
Clament les injustices en surveillant Gnafron.
Coiffées d'un grand chapeau noué sous le menton,
Toutes vêtues de blanc, engagent les passants,
Les nautières de la Saône rament tranquillement,
Muses de ces mille bèches où s'inscriront leurs noms.
Porteurs de masques en cuir à longs becs d'oiseaux,
Médicastres officient affrontant les fléaux,
Rabelais, quant à lui, lettré d'anatomie,
Rédige doctes textes que les annales publient.
Voici le « pêche-pierre » qui sans anesthésie,
Tirera dans les cris, moellons d'une vessie,
Arrachements, spatules, pinces et gros crochets,
Feront d'un souffreteux un mourant sans délai.
Ils s'illumineront pour les siècles des siècles,
A peine nuit tombée, bougeoirs et lumignons,
Des milliers de mercis consument dévotion,
Pour toi, Sainte Marie qui éloigna la peste.
Trabouler, Résister sont ici synonymes,
Deux verbes salutaires pour nombreux anonymes,
Le temps s'est arrêté au fond de chaque cour,
Où les puits furent complices de fuites sans retour.
Le domaine des roses abrite à tout jamais,
Un trésor légendaire que tous convoitaient,
Bijoutiers et Orfèvres confièrent aux Croisés,
Une tête en Or massif que nul ne sut trouver.
Tes chroniques se colportent de mémoires en grimoires,
Progrès, modernité, gomment un peu ton passé,
Pourtant lorsque je longe les quais de tes deux fleuves,
Fidèles bouquinistes, t'honorent, qu'il vente ou pleuve.
Berceau de ma naissance, témoin de mon histoire,
Si pour quelques voyages, j'ai parfois déserté,
Il ne fut pas un lieu où je sois demeurée,
Je serai ton enfant pour toute éternité.
Martine