Egypte: place Tahrir, chrétiens et musulmans unis contre Moubarak
Côte à côte avec les musulmans, de nombreux Coptes, ou chrétiens d'Egypte, sont venus manifester pour le départ du président Hosni Moubarak place Tahrir, épicentre de la contestation au Caire.
"Trop de chrétiens sont morts sous Moubarak. Va-t'en d'Egypte", peut-on lire sur la pancarte de Nader, un jeune Copte de 23 ans qui manifeste place Tahrir (Libération).
"Les persécutions contre les chrétiens ont augmenté ces dix dernières années en Egypte", déplore Nader, en rappelant les derniers attentats contre les chrétiens, notamment celui qui a fait 23 morts dans une église d'Alexandrie, la grande ville du nord de l'Egypte, dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier.
"La seule chose qu'a faite Moubarak, c'est tenter de cacher ce qui s'est passé. Ce n'est pas la solution", ajoute le jeune homme dont la communauté, la plus importante minorité chrétienne au Moyen-Orient, représente selon les estimations de 6 à 10% des 80 millions d'Egyptiens. Mais elle s'estime tenue à l'écart de nombreux postes de la justice, des universités ou encore de la police.
Le patriarche de l'Eglise copte, Chenouda III, a appelé vendredi soir les manifestants à tenir en compte des "concessions" faites par le gouvernement après plusieurs jours d'un mouvement de contestation d'une ampleur sans précédent contre le régime.
Selon Ihab, 41 ans, "il nous a dit de ne pas participer aux manifestations" contre le président Hosni Moubarak, lancées le 25 janvier et qui se sont soldées par au moins 300 morts et plusieurs milliers de blessés, selon une estimation de l'ONU non confirmée par d'autres sources.
"Mais nous sommes venus quand même parce que nous voulons montrer que nous sommes là", explique Ihab, qui fait le tour de la place avec une pancarte disant "Jésus nous donnera une vie meilleure. Va-t'en Moubarak, pour qu'on puisse en profiter".
Nader et Ihab font partie d'une foule hétéroclite de manifestants, qui vont de militants laïques à des islamistes.
Ihab dit craindre une prise du pouvoir par les islamistes au cas où le président Moubarak partirait.
"Un gouvernement des Frères musulmans serait un désastre. Mais en Egypte il y a d'autres options que Moubarak ou les islamistes", affirme-t-il.
Un autre manifestant arbore une pancarte s'adressant au fils de M. Moubarak, Gamal, longtemps considéré comme son dauphin: "Gamal, dis à ton père que les Coptes le détestent", entendant ainsi proclamer que tous les Coptes ne sont pas du côté du président comme ils sont souvent présentés.
L'une des principales figures de la communauté copte, le magnat des télécoms Naguib Sawiris, a récemment affirmé que les réformes promises en réponse au mouvement de contestation étaient "une bonne nouvelle", ajoutant que "la démocratie est voulue par tous".
A Tahrir, plusieurs manifestants musulmans tiennent à afficher leur soutien aux Coptes, comme Ahmed Chimi, 47 ans, qui arbore une pancarte proclamant: "Musulmans + chrétiens = Egypte", décorée du croissant et de la croix, symboles des deux religions.
"Nous ne voulons pas qu'il y ait de différenciation" entre les deux communautés, explique-t-il.
Le président Moubarak "veut vendre l'idée aux Etats-Unis et à l'Europe que nous avons un problème ici avec les chrétiens et qu'il est la personne adéquate pour empêcher cela. Mais ce n'est pas vrai", assure-t-il.
Plusieurs pays occidentaux se sont dits préoccupés par la situation des Coptes après les dernières attaques contre leur communauté.
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