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FRANCOIS BAYROU : LE MODELE HENRI IV

Dans un entretien avec Jean-Pierre Bédéï, le président du Modem (Mouvement Démocrate) François Bayrou, ancien ministre de l’Éducation Nationale et actuel maire de Pau, nous raconte sa passion pour l’Histoire et son ancrage politique au centre.

 

Agrégé de lettres classiques, François Bayrou, dont les parcours intellectuel et politique sont indissociables, voue une admiration sans bornes à deux acteurs de l'Histoire : Henri IV et Churchill.

 

Un passé très présent

Interrogé sur son intérêt pour l’Histoire, François Bayrou aime à dire : « Vous mettez dans une pièce votre père, votre grand-père... et vous remontez comme cela à l’époque d’Henri IV ; vous aurez au total quatorze personnes, soit une petite tablée. C’est dire combien le passé nous est proche. »

 

 

Le passé marque en profondeur notre pensée et nos actions, même et surtout à notre insu. Il y a un inconscient des peuples comme il y a un inconscient des individus. À trop vouloir le nier, nous risquons de le voir ressurgir de façon névrotique, assure François Bayrou.

 

C’est ce à quoi nous assistons par exemple en ce moment même au Moyen-Orient avec le djihadisme et la résurgence d’un califat.

 

Henri IV, héros de roman

 

Si François Bayrou a consacré une imposante biographie au Vert-Galant, c’est moins parce qu’il a été élevé à deux pas de son village d'enfance qu’en raison du caractère incroyablement romanesque de sa vie… Il montre comment une enfance troublée et meurtrie a eu le pouvoir d’influer sur le cours de l’Histoire.

 

 

Le futur Henri IV, né en 1553, a pour mère Jeanne d’Albret, reine de Navarre. Celle-ci est la fille de Marguerite d'Angoulême, sœur de François 1er, assurément la femme la plus cultivée de son siècle.

 

Jeanne d’Albret a fait un mariage d’amour avec Antoine de Bourbon, fringant soldat de haute noblesse qui deviendra le lieutenant général du royaume.

 

À cet instant, avec les guerres de religion, l’histoire amoureuse rejoint l’histoire politique. Jeanne d’Albret, convertie à la nouvelle religion, devient la seule reine protestante régnant sur le continent européen tandis que son père devient l’un des chefs de la faction catholique.

 

Les amants déçus ne vont cesser de se combattre sous les yeux du jeune Henri, jusqu’à la mort d’Antoine, victime d’une arquebuse protestante en 1562.

 

« Jeanne d’Albret va jusqu’à fondre les objets sacrés déposés dans la tombe de son fils aîné pour financer la guerre, lance François Bayrou.

 

Imaginez ce qui se passe alors dans la tête du jeune Henri. Pour ce petit garçon, la guerre de religion qui ensanglante l'Europe, c'est la guerre entre son père et sa mère ».

 

 

Le maire de Pau raconte avec passion la Saint-Barthélemy. Jeanne d’Albret et Catherine de Médicis, mère du roi Charles IX, ont négocié à Blois le mariage de leurs enfants Henri et Marguerite (« Margot ») afin d’en finir avec la guerre.

 

Les noces se déroulent à Paris en août 1572. « Il fait très chaud et les esprits s’échauffent ». Dans les églises, des curés appellent à en finir avec les huguenots. Henri rassure ses compagnons : « Maintenant que je suis le beau-frère du roi, il ne peut rien vous arriver ». Et c'est le massacre du 24 août…

 

Vingt-six ans plus tard, décidé à en finir avec cette guerre qui déchire même les familles, Henri IV promulguera l’Édit de Nantes, une avancée majeure vers la laïcité.

 

 

Le centre commence avec Montaigne et Pascal

 

Interrogé sur la notion de centre, François Bayrou évoque deux philosophes, Montaigne et Pascal, pour lesquels la religion, la science, la politique ont chacune leur légitimité.

 

Le centre, en politique, c’est la « séparation des ordres », une formule de Pascal qui conditionne la liberté de l'homme.

 

C'est la richesse du pluralisme et le besoin vital de dépasser les haines. 

 

Il rappelle l'Écriture : « Toute demeure divisée périra en son sein » et évoque la figure aimante d’Antigone :

« je suis née pour partager l’amour » (Antigone, Sophocle).

 

Pour lui, le centrisme a un credo : « Nous pouvons vivre ensemble avec des idées différentes. »

 

 

Churchill, un homme d’État, un vrai !

 

François Bayrou voit en Churchill un modèle pour les hommes d’État. Il évoque le tombeur de Hitler, arrivé au 10 Downing Street le 10 mai 1940 à l’âge de 66 ans, dans l’un de ses derniers livres, De la vérité en politique (Plon, 2013) : « Churchill, toujours du côté des hommes d’État et de l’Histoire. »

 

 

En 1936, ainsi qu’il le raconte avec gourmandise, Churchill interpelle aux Communes le Premier ministre Stanley Baldwin, cousin germain de Rudyard Kipling. Il lui reproche d’avoir mener une campagne pacifiste sur le désarmement alors que l’Allemagne hitlérienne se réarme. Baldwin, antithèse caricaturale de l’homme d’État, répond : « Mon devoir était de gagner l’élection. Le peuple était pacifique, donc j’ai dit ce qu’il voulait entendre. »

 

 

François Bayrou conclut avec amertume sur un souvenir personnel, un entretien en 2000 avec le président Jacques Chirac. Les deux hommes sympathisent autour de leurs soucis familiaux puis le président se lâche : « La politique, c’est simple. Le Premier ministre, il fait en sorte que ça ne passe pas trop mal et le président de la République, il a pour fonction de représenter la France à l’étranger. »

 

Tout le contraire de ce que croit François Bayrou : « Le président de la République est source d’unité et d’inspiration pour son pays. Il doit donner aux citoyens des raisons de vivre. »

 

Source : Hérodote

Vanessa Moley


06/08/2017
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