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LA FABRIQUE LYONNAISE - L'ATELIER DE SOIERIE

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Lyon, a tissé de soie sa mémoire au cours de plus de quatre siècles et demi de succès et de peines.

 

Longtemps, elle fut environnée de soie, comme le cocon. Fabricants de soieries, canuts et artisans de la longue chaîne soyeuse, furent ses crysalides ; entre leurs mains la soie se métamorphosa en papillons-étoffes pour habiller rois, cours, palais et églises, prélats, femmes de haut rang, courtisanes et notables, puis femmes de goût et argentées…

 

Des ailes de soie pour exalter pouvoir, puissance divine et séduction. Soieries variées et façonnées dans la grande tradition lyonnaise furent les papillons qui portèrent le style français et son raffinement en Europe et de par le monde.

 

Puis la soie conquit la Haute Couture et les dessous chics, qui ne purent plus se passer d’elle.

 

 

Aujourd’hui Lyon ne l’oublie pas, elle tisse toujours la soie, d’autres fibres aussi et celles du futur ; la Fabrique lyonnaise diversifie ses « armures » afin de demeurer un laboratoire d’idées et de création, ancré en Europe.

 

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Découverte entre 3000 et 2500 av. J.-C. en Chine, la soie, dès le VIIe siècle avant J.-C, devient pour les Chinois, monnaie d’échange avec les pays étrangers, ce qui donnera naissance aux routes de la soie : l’une maritime, qui partant de la mer de Chine, contourne l’Inde pour s’enfoncer dans la mer rouge et, à la suite de la traversée de la Méditerranée, rejoindre Venise et Gênes.

 

Aux marches occidentales de la Chine on trouve les bifurcations dessinant les routes des steppes et du désert, qui se rejoignent à Constantinople.

 

Ces routes se sont modifiées dans le temps et l’espace au fil des conquêtes permettant au royaume de la soie de s’étendre : la soie envahit l’Inde, puis arrive en Grèce avec Alexandre le Grand qui la ramène de Perse et l’introduit en Europe, elle s’installe dans la Rome antique, puis Byzance… En Europe, la soie est donc longtemps un monopole de l’Empire romain d’Orient.

 

 

Les Arabes, entre le VI et XIIe siècle vont, au gré de leur expansion, étendre le royaume de la soie ; Ils soumettent l’Egypte où ils s’approprient la soie, puis la transfèrent en Afrique du Nord, en Espagne et en Sicile, où ils créent une colonie mauresque en 827.

 

Les soieries mauresques sont alors très recherchées en Occident, ramenées à la faveur des croisades.

 

A la fin du XIIIe siècle, Marco Polo ouvre une nouvelle route maritime et découvre que le fameux Cathay et la Chine ne font qu’un.

 

A la même époque, une crise de succession pour le trône de Sicile fait s’exiler les tisserands de la soie vers les villes italiennes, la sériciculture remonte vers le nord pour atteindre au XVe siècle Venise, Florence, Lucques et Gênes.

 

La Renaissance teintée d’influences byzantines accouche de chefs d’œuvres textiles, qui conquièrent les cours et les églises d’Europe.

 

La fin des croisades et l’arrivée des papes à Avignon transfusent le raffinement italien en France. Les colonies des Indes Orientales et de l’Extrême Orient font affluer la soie en Europe.

 

 

A la fin du Moyen Âge, Lyon devient un grand centre de transit puis de création d’étoffes, qui fera d’elle la mythique capitale de la soie.

XVe siècle : Les premiers pas

On retrouve des traces de cette activité avant même le XVe siècle. Sa situation géographique exceptionnelle avec le croisement des routes naturelles terrestres et fluviales avait déjà attiré les marchands italiens.

 

 

Louis XI souhaite créer la première manufacture de soierie à Lyon, en faisant venir des spécialistes d’Italie et officialise la soierie lyonnaise le 23 novembre 1466. Mais ce projet étant mal accueilli par les consuls de Lyon, c’est à Tours que cette manufacture s’érige.

 

 

Mais Lyon ne peut demeurer seul lieu de transit pour les soieries italiennes alors que les magnaneries de Provence lui fournissent la matière première. François Ier accorde donc aux tisseurs lyonnais les mêmes privilèges que ceux accordés à Tours.

 

En 1531 Lyon devient l’unique entrepôt de toutes les soies entrant en France : la Fabrique lyonnaise prend son essor à la faveur des guerres d’Italie.

 

Dès 1540, la corporation des ouvriers « en drap d’or, d’argent et de soye » est constituée.

Les tissus produits au XVIe siècle sont surtout des tissus unis, d’usage courant car Lyon, tire plus de profit de ses douanes que de sa fabrique et préfère importer les belles étoffes italiennes plutôt que d’améliorer les métiers à tisser !

Les siècles d’or : XVIIe et XVIIIe siècles

L’organisation économique du royaume de France au XVIIe siècle et les règlements avisés de Colbert vont permettre à Lyon de devenir véritablement une ville de création en matière de tissus de soie.

 

Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle la Fabrique lyonnaise s’impose par ses succès éclatants. Le règne du roi soleil, le siècle des Lumières, l’Empire comme la Restauration puisent décors et vêtements dans les étoffes lyonnaises.

La France et Lyon font la mode

L’apparition des premières formes d’un style proprement français date des années de gloire de Louis XIV et de la volonté de Colbert de constituer une puissante industrie nationale.

 

Concurrençant les modes italiennes et espagnoles, elle s’impose d’abord à la cour française puis, lentement, dans toutes les cours européennes. Ce style devient donc de fait européen.

 

Il se caractérise à ses débuts par l’apparition de l’asymétrie, de dessins plus nets. La décoration florale est le sujet de prédilection, répété à l’envi, mais avec un renouvellement permanent.

L’émancipation du style italien

Cette période voit l’émancipation des dessinateurs lyonnais du style italien, pour établir leur propre marque de fabrique. Ce style s’impose rapidement dans toute l’Europe et aide à l’essor des ventes de soie lyonnaise parmi les élites de tout le continent. Les dessinateurs se forment au contact de peintres lyonnais. Ils ont souvent des parts dans des affaires de soierie et sont donc autant des commanditaires que des dessinateurs employés.

Philippe de Lasalle : créateur d’un style

Créateur textile de génie, surnommé le Raphaël de la mode, le « premier dessinateur de Lyon », imagine les étoffes qui ornent le château de Versailles. Fleurs d’après nature et rubans noués, oiseaux majestueux et nature paysagée dans des couleurs vives et nuancées pour des dessins d’une très grande envergure : les audaces et l’esprit nouveau des créations du « premier dessinateur de Lyon » contribuent au rayonnement textile français au XVIIIe siècle. La perfection de son art résulte de ses talents de dessinateur et de metteur en carte, conjugués à une maîtrise parfaite du métier.

La révolution : l’anéantissement de la Fabrique lyonnaise

La révolution survient et dissout les corps constitués (loi Le Chapelier), anéantissant la grande Fabrique. Lyon se soulève contre le centralisme de la Convention et subit la Terreur après un siège militaire. Le 12 octobre 1793, la convention déclare « Lyon n’est plus ». La ville est ruinée, elle a perdu presque la moitié de ses 150 000 habitants, exilés pour la plupart.

Le XIXe siècle : modification profonde de l’économie de la soie à Lyon

Le Premier Consul Bonaparte décide de relever la soierie lyonnaise à la faveur d’un décret qui préconise que l’habillement mais aussi la décoration des résidences et mobilier national soient faits d’étoffes lyonnaises. Les commandes passées sous le Consulat et le 1er Empire stimulent une production aussi riche que variée dans les dessins et les techniques.

 

 

La production de la soie parvient au stade de l’industrialisation. Mais l’équilibre de la Fabrique soumise aux mouvements de l’histoire et des modes demeure précaire dans un siècle où le développement de l’industrie et les crises politiques et sociales vont faire naître des revendications particulièrement violentes.

 

 

 

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L’invention du métier Jacquard révolutionne l’industrie textile au début du XIXe siècle et lui donne son impulsion industrielle. Il modifie profondément l’économie de la soie à Lyon. La Fabrique évolue d’un fonctionnement préindustriel éclaté vers un système industriel centralisé.

 

Cette invention va donner son identité architecturale à la Croix-Rousse par la nécessité de construire des ateliers-logements hauts de plafonds et très ouverts à la lumière pour accueillir les hauts métiers. Elle engendre également une identité sociale forte, construite lors des révoltes de canuts.

L’industrialisation de la soierie lyonnaise

On peut situer entre 1825 et 1830 le début de l’industrialisation de la soierie lyonnaise avec la création d’usines de tissage comme J.B. Martin, C.J Bonnet. L’année 1826 voit l’apparition d’un nouveau métier « le commissionnaire en soierie ».

 

La Fabrique voit apparaître les noms des grandes familles de soyeux lyonnais : Gillet, Palluat, Terrenoire, Charmettant, Brochier mais aussi Chartron et Pila, ces derniers fondent la fameuse Condition des soies.

 

Des noms qui recouvrent toutes les activités de la chaîne soyeuse, moulinage, filature, teinture, tissage…

 

Ces grandes familles lyonnaises du textile détiennent à la fin du XIXe siècle argent, pouvoir et influence, vivant en monde clos et cultivant l’intimité familiale.

 

Elles ont une clientèle à la romaine tenue au secret, la hantise constante étant la concurrence. La plupart des chefs de maison ont des revenus autres que ceux provenant de la soierie, considérée comme un métier aristocratique, qui requiert plus de créer, que de fabriquer ou vendre ! Ce qui explique la nécessité de cet intermédiaire qu’est le commissionnaire. Cet état d’esprit perdure au XXe siècle et explique en partie le déclin du métier face à l’agressivité commerciale de l’Italie notamment.

 

 

 

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Les canuts : révoltes ouvrières fondatrices du mutualisme et de la pensée sociale

La Fabrique, qui a fait de Lyon la première ville ouvrière de France depuis le XVIIIe siècle, compte au milieu du XIXe siècle environ 48000 ouvriers tisserands, appelés canuts, parmi eux 8 000 chefs d’atelier (propriétaires de leur métier) et près de 40 000 compagnons.

 

Ces derniers, soumis à de rudes conditions de travail, se révoltent à de nombreuses reprises, notamment en 1831, 1834 et 1848. Cette dernière révolte aboutira à l’autorisation d’associations de secours mutuel : premières expériences françaises du mutualisme ! Ces premières révoltes ouvrières vont influencer les grands mouvements de pensée sociale du siècle, des saint-simoniens à Karl Marx, en passant par Fourier ou Proudhon.

De la fin du XIX e au milieu du XXe siècle

Après la guerre de 1870 et la chute du second Empire, la Fabrique connaît toutefois un grave déclin lié à la concurrence de fibres modernes, à l’évolution des coutumes vestimentaires en Europe, à l’essor de certains pays d’Asie, aux épidémies qui touchent le ver à soie en France.

 

Elle doit faire face à la concurrence étrangère de plus en plus redoutable, notamment italienne.

Mais grâce au développement de la Haute Couture à Paris en rapport direct avec la création lyonnaise de Hautes Nouveautés, elle retrouve de belles heures de prospérité jusqu’à la première guerre mondiale.

L ‘âge d’or de la création lyonnaise

Dans les années 20, de grands noms, Bianchini-Férier, Buchet-Colcombet, Ducharne, Chatillon-Mouly-Roussel partent à la conquête de la Haute Couture : Poiret, Patou, Chanel, Grès.

 

L’influence des fameux ballets russes permettent aux soyeux d’être à la pointe de l’innovation artistique. Ils travaillent comme des laboratoires d’idées et travaillent avec les plus grands dessinateurs : Sonia Delaunay, Dufy, Dubost…

 

D’un côté on a les fabricants de Hautes Nouveautés et de Petites Nouveautés (diffusées par le commissionnaire en soieries) et de l’autre les sous-traitants de la chaîne soyeuse.

 

 

Hermès lance son mythique carré de soie en 1937,  le jeu des omnibus et des dames blanches.

 

Dans les années 60, huit maisons se distinguent, parmi lesquelles Brochier et Bianchini Férier. Ces "nouveautards" lancent les articles auprès des couturiers en faible quantité mais à prix élevé et cèdent ensuite l’idée à des fabricants pour la commercialiser à plus grande échelle.

 

 

Sur fond de pop-musique, de libération de la femme et de cris de paix, Léonard marque les années 70 et le monde de la couture par son concept : une fleur exotique mélangée à des éléments figuratifs imprimés sur un jersey de soie éclatant de couleurs, qui s’enroule et se déroule autour du corps comme par magie  !

De l’après guerre jusqu’à nos jours : Le déclin, la diversification et l’innovation

Le déclin amorcé avec le succès de nouvelles matières synthétiques et artificielles après la première guerre mondiale, se poursuit à l’exception de la niche représentée par la création pour les grands couturiers.

 

De 1939 à 1945, l’approvisionnement en grège n’est plus assuré. La guerre terminée, la Chine et le japon restaurent leur production.

 

Côme en Italie du nord devient un nouveau centre de production, notamment pour l’impression. La région de Brienza, au nord de l’Italie maîtrise la création contemporaine, entre les mains de trois familles : Mantero, Ratti et Marioboselli.

 

Dans les années 60, l’avenir de la Fabrique lyonnaise passe par l’innovation et la diversification ; les soyeux lyonnais explorent les secteurs techniques et mettent leur savoir-faire traditionnel au profit des nouveaux développements possibles que leur offrent les nouvelles fibres.

 

Aujourd’hui la Fabrique a dépassé quatre siècle et demi de son histoire… Fibres artificielles, fibres de synthèse, fibres de verre, fibres de carbone et fibres optiques…

 

Naguère circonscrite à l’embellissement du décor intérieur et au renouvellement de la mode féminine, l’industrie textile à Lyon est devenue une Industrie de pointe par le mariage de sa technologie et créativité. Elle invente d’étonnants tissus techniques… destinés à l’industrie aéronautique, automobile, électronique mais aussi au secteur de la santé…

 

 

Mais la tradition ne s’est pas éteinte. A Lyon, on restaure les soieries anciennes et on tisse toujours la soie pour la Haute Couture. Ce savoir-faire, son histoire et ses réalisations sont transmis et préservés grâce à diverses institutions et acteurs, liés au monde textile, qui sont autant de centres ressources.

 

 

Malgré son itinéraire houleux, Lyon conserve son titre de capitale de la soie en raison de la créativité de sa Fabrique… Elle rend ainsi hommage aux centaines de milliers d’ouvriers et techniciens lyonnais mais aussi dessinateurs, fabricants… qui ont contribué à son rayonnement.

 

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Lyon, 1783. Jacques a douze ans lorsqu’il est confié par ses parents à Fournier-Martin, marchand de soie austère, mais réputé. D’abord attristé par ce sort, son apprentissage au sein de la Grande Fabrique devient le théâtre de rencontres fondatrices, qui forgent peu à peu son caractère de jeune homme.

 

Trois ans plus tard, quand la révolte des Deux sous se prépare, opposant les ouvriers de la soie aux négociants, il se retrouve pris entre des vents contraires, devenu allié des deux camps.

 

Prenant alors part aux événements initiateurs des grandes insurrections du siècle, Jacques assiste sans le savoir aux prémices de bouleversements qui marquent la fin de l’époque moderne.

 

 

Xavier Raynal, grand amoureux de sa ville et de son histoire, fait renaître l’effervescence du Lyon de la fin de l’Ancien Régime, et notamment celle de la Grande Fabrique – décor enfoui, parfois intensément sombre, qu’il égaye au fil du récit par le savoureux accent lyonnais de ses personnages.

 

Avec cette première période commence le parcours initiatique du jeune Jacques : d’autres aventures suivront, au gré des événements historiques, qui pourront le mener bien au-delà des murailles de la capitale des Gaules…



12/07/2022
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