LES GRANDES FIGURES DE L'ESOTERISME - SEBASTIEN LANDEMONT
Historiquement, le terme ésotérisme semble lié à la forme d'enseignement dispensé par certains philosophes grecs.
Exclusivement réservé à des disciples triés sur le volet, il traiterait des grands mystères de l'univers et de leur maîtrise.
Platon, dans Le Banquet, ou Aristote, par ses écrits «acroamatiques», figurent parmi les premiers à aborder la science ésotérique, même si l'on peut presque légitimement supposer que Pythagore ou plutôt les pythagoriciens les ont précédés dans ce domaine.
Plus tardivement, Plutarque l'évoquera en quelques mots. Il soutient en effet l'existence d'une doctrine se rattachant à la plus haute Antiquité et qui, des fondateurs de connaissances sacrées et des législateurs, est descendue jusqu'aux poètes et aux philosophes.
Cette culture du secret, mettant en exergue l'idée d'une connaissance inaccessible au commun des mortels, connaîtra un développement comparable dans la plupart des grandes religions, mais par le biais de commentaires le plus souvent tardifs.
Anonyme ou dispensé grâce aux prophètes, ce savoir aurait gardé un caractère immuable à travers les âges. Il en serait ainsi des Upanishad védiques, de la kabbale hébraïque, de l'hermétisme rattaché à la personnalité d'Hermès trismégiste («trois fois grand»), hellénisation de l'antique dieu égyptien, Thot, maître de la sagesse et de l'écriture.
Le taoïsme chinois, l'hindouisme indien, le christianisme et l'islam moyen-orientaux, voire les traditions chamaniques sibériennes et amérindiennes, posséderaient également un versant ésotérique. La kabbale, le tantrisme, le soufisme y feraient référence.
Marquée par l'oralité, la transmission de ces savoirs secrets ne peut que rarement être attribuée à un auteur, tout comme d'ailleurs nombre de textes référents, dont on cerne difficilement l'origine.
À cela, il faut encore ajouter l'idée d'une sagesse transmise par des lignées de maîtres et de disciples, parfois perdue et à redécouvrir, porte ouverte à toutes les dérives.
A l'époque moderne, la civilisation occidentale a vu se multiplier les tenants de sciences occultes s'opposant presque naturellement à toutes formes de croyances religieuses exotériques.
L'ésotérisme est au coeur de l'humain parce qu'il s'intéresse à la condition de celui-ci dans le monde, à sa sempiternelle quête du sacré et du divin, avec tout ce qu'elle peut avoir de mystérieux.
Souvent assimilé à la Connaissance au sens transcendantal du terme, il confine à l'universel. Il touche ou effleure donc tous les domaines où le mystère est en bonne place et, en premier lieu, les religions.
Mais, au fil des siècles, il faut bien admettre une évolution radicale de l'ésotérisme originel et la place grandissante occupée par les «sciences interprétatives».
De sorte qu'on lui rattache aujourd'hui, à tort ou à raison selon les auteurs, tous les domaines intellectuels qui cultivent l'interprétation et le secret : alchimie, occultisme (néologisme utilisé par Eliphas Lévi au début du XIXe siècle), théosophie, spiritisme, magie... escortés de leurs bataillons de symboles, Baphomet, Mandala, Graal, Golem, tarots, caducée ; pour ne citer que les plus célèbres.
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