LYON MA VILLE
Ville bimillénaire, colline de lumière,
Apprendre tout de toi est de longue durée,
De notre République depuis Romanité,
Ton emblème rugissant dès notre antiquité,
Tu trônes maintenant au siège Humanité.
Chamarré de cultures créant communautés,
Colonisant l'espace de moult architectures,
Deux fleuves antagonistes arrosent ta nature,
Que foulent de milles pieds tes marchands et banquiers.
Cassini déplie-toi que je vois son tracé !
Ici ce sont quartiers de ses rues médiévales,
Où se côtoie là-bas l'urbain revisité,
Mes pas sautant les ans de l'amont en aval.
Par la pelle et la pioche a rejailli l'histoire,
Gradins du Grand Théâtre ou tremble ma mémoire,
Je ferme un peu les yeux et je les vois debout,
Ce Conseil des Trois Gaules bravant la chaleur d'août.
Mais venez ! Suivez-moi dans ma marche du temps,
Et partons tous ensemble pour les siècles suivants.....
Bourgeois, arquebusiers qui gardent la cité,
Dans leurs côtes de mailles et de fer gantelées,
Sitôt que la trompette sonne le Chasse-Ribaud,
Happent les vagabonds et dispersent badauds.
L'Hôpital Général dispensant Charité,
Modèle des hospices de France Royauté,
Récite au gré des heures, prières, incantations,
Il y a tant de misère à soulager à Lyon.
Traite-foraine, droits de rève abolis par Louis,
Des villes impériales arrivent débitants,
Grandeur des Foires Franches portée aux quatre-vents,
Négociants et clients commercent à crédit.
De quinzaine en quinzaine les voila par nuées,
Cajolant le hasard, tirant la loterie,
Magistrats et Recteurs président récluseries,
Avant que par morale le jeu soit supprimé.
Le Bistanclaquepan cadence de l'armée,
De ces artisans d'art commande le métier,
Taffetas et dentelles, gentillesses de mode,
Par milles balles de soie, tu imposes ta loi,
Façonnés et brocarts, ornements du bon Roy,
Tisseront à l'élite, bleus pourpoints en vogue.
Bellecour, ses façades totalement détruits,
De la révolution assumeront le prix,
Bonaparte salué comme un nouveau messie,
Du bout de sa truelle réveillera la vie.
Tes révolutionnaires exigent de tout temps,
De vivre en travaillant ou mourir combattants,
Pourtant, minoritaires, des Voraces aux Chalier,
Traces de la terreur te garde modérée.
Ramasseurs de potins après leurs dévotions,
Clabaudaient, caladaient au milieu des clergeons,
Puis tous ces bons amis se mettaient en goguaille,
Pour la taverne « Tunes » où l'on faisait ripaille.
Le repos, en soirées, serrés au poulailler,
Pour l'ouverture de « Faust » de nouveau rassemblés.
A la « queue de poireau » certains s'enivreront,
Avant de remonter sur les hauteurs de Lyon.
Si carême de nos jours n'a signification,
Ils étaient de ce temps privés de collation,
Quand le jeun et le maigre étaient communes peines,
Quand les teints étaient blêmes au bout de quarantaine,
Que de voix appelaient « Dimanche des Brandons »
Ou guirlandes de bugnes offraient consolation.
Mourguet lui donna vie mais il n'est point d'usage,
Même pour un Lyonnais d'atteindre ce grand âge,
Gazettes de la ville, Guignol et Madelon,
Clament les injustices en surveillant Gnafron.
Coiffées d'un grand chapeau noué sous le menton,
Toutes vêtues de blanc, engagent les passants,
Les nautières de la Saône rament tranquillement,
Muses de ces mille bèches où s'inscriront leurs noms.
Porteurs de masques en cuir à longs becs d'oiseaux,
Médicastres officient affrontant les fléaux,
Rabelais, quant à lui, lettré d'anatomie,
Rédige doctes textes que les annales publient.
Voici le « pêche-pierre » qui sans anesthésie,
Tirera dans les cris, moellons d'une vessie,
Arrachements, spatules, pinces et gros crochets,
Feront d'un souffreteux un mourant sans délai.
Ils s'illumineront pour les siècles des siècles,
A peine nuit tombée, bougeoirs et lumignons,
Des milliers de mercis consument dévotion,
Pour toi, Sainte Marie qui éloigna la peste.
Trabouler, Résister sont ici synonymes,
Deux verbes salutaires pour nombreux anonymes,
Le temps s'est arrêté au fond de chaque cour,
Où les puits furent complices de fuites sans retour.
Le domaine des roses abrite à tout jamais,
Un trésor légendaire que tous convoitaient,
Bijoutiers et Orfèvres confièrent aux Croisés,
Une tête en Or massif que nul ne sut trouver.
Tes chroniques se colportent de mémoires en grimoires,
Progrès, modernité, gomment un peu ton passé,
Pourtant lorsque je longe les quais de tes deux fleuves,
Fidèles bouquinistes, t'honorent, qu'il vente ou pleuve.
Berceau de ma naissance, témoin de mon histoire,
Si pour quelques voyages, j'ai parfois déserté,
Il ne fut pas un lieu où je sois demeurée,
Je serai ton enfant pour toute éternité.
Martine
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