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14 NOVEMBRE 2015 - LA FRANCE PLEURE ET SE REDRESSE

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Les actes de guerre qui ont endeuillé Paris ce vendredi 13 novembre 2015, à 22h, confirment, hélas, la « loi historique » que nous avons exposée le 22 janvier, selon laquelle l'Europe occidentale connaîtrait un basculement majeur tous les millésimes en 14 ou 15...

Il ne s'est pas agi en effet d'un énième attentat terroriste mais d'une opération militaire concertée, avec plusieurs attaques simultanées menées par des hommes relativement nombreux, sous la direction d'un haut commandement stratégique qui s'est montré capable de contourner tous les systèmes de surveillance (on peut craindre que plusieurs djihadistes aient pénétré en Europe de façon discrète en se fondant dans la masse des réfugiés et immigrants clandestins d'Afrique et du Moyen-Orient, ces dernières semaines).

C'est le premier acte de ce qui pourrait être la « troisième guerre européenne », après 14-18 et 39-45. Si nos craintes se vérifient, l'épreuve devrait se prolonger selon notre analyse des rythmes historiques pendant une trentaine d'années, jusque dans les années 2030.

La France et l'Europe en sortiront régénérées si nos dirigeants et nous-mêmes prenons la mesure du défi lancé à notre civilisation et à nos valeurs, à l'instar du Premier ministre Manuel Valls qui n'a pas craint de qualifier la situation de « guerre ».

Le pire serait de nous enfermer dans le déni, de relativiser la répétition des attentats et de nous y accoutumer car ce serait la voie ouverte à la « libanisation » de la France et de l'Europe...

L'Europe à la peine

La première victime politique de la guerre contre les djihadistes risque d'être l'Union européenne ou plutôt ses institutions collégiales. Pires qu'impuissantes, elles montent les États les uns contre les autres et entravent leurs efforts. Ainsi, c'est sans aucun soutien européen que les Français ont dû s'engager au Sahel et au Moyen-Orient ; sur la question des migrants, la Commission et les Européens de l'Ouest ont fait sortir de leurs gonds Hongrois et Polonais ; quant aux Grecs, ils nourrissent une rancune haineuse à l'égard des Allemands qui les ont abandonnés à leur sort...

- Revenus de nos illusions posthistoriques, nous assistons au naufrage du traité de Schengen sur la libre circulation en Europe, chaque État reprenant dans l'urgence le contrôle de ses frontières et de son territoire.

- La monnaie unique née du traité de Maastricht, déjà très secouée par les précédentes crises monétaires, pourrait succomber devant le dérapage des dépenses publiques. Dans les prochains mois, en effet, les pays de la ligne de front (France, Belgique...) vont devoir recruter et investir dans l'armée, la police et le renseignement. Dans le même temps, pour ne rien arranger, la France encourt le risque d'une chute de ses recettes touristiques.

C'en sera fini de la « règle d'or » budgétaire imposée par le gouvernement de Berlin, une absurdité que nous rappelions dans notre analyse de la Crise européenne : l'endettement est un moindre mal indispensable quand la survie de la Nation est en jeu, comme en 14-18.

- Réécriture à l'identique du traité constitutionnel rejeté par les peuples français et néerlandais en 2005, le traité de Lisbonne qui devait donner une diplomatie et une politique étrangère à l'Union européenne a été quant à lui disqualifié par les atermoiements des dirigeants européens dans les derniers mois.

À l'opposé de cela, la chancelière Angela Merkel et son ministre de l'Économie Wolfgang Schäuble ont tordu le bras au Grec Alexis Tsipras sous prétexte de laxisme budgétaire alors que la Grèce, en première ligne face aux migrants venus des camps de Turquie, a plus que jamais besoin d'une aide de l'Union.

Plus que tout, la chancelière a amplifié dans les grandes largeurs la crise migratoire par sa promesse inconsidérée d'accueillir 800 000 réfugiés. Elle n'a pas pris la peine d'en référer au préalable à ses alliés socialistes ni surtout à ses homologues européens, comme si Berlin dirigeait encore l'Europe continentale... Enfin, toujours sans en référer à quiconque, elle s'est rendue à Ankara remettre le sort de l'Europe entre les mains de l'autocrate national-islamiste Recep Erdogan.

Angela Merkel a perdu de ce fait la confiance des Allemands et des Européens et n'est pas qualifiée pour répondre au défi qui nous est lancé. Elle devra quitter le pouvoir au plus tard après les élections allemandes de mars 2016.

- Après ces quelques secousses qui nous paraissent probables et difficilement évitables, souhaitons que se raffermisse enfin l'union politique de l'Europe, sur la base du traité de Rome de 1957, avec une relance des projets intergouvernementaux, notamment en matière de défense...

Sursaut civique

S'ils veulent rassurer leurs concitoyens, les dirigeants européens, à commencer par les dirigeants français, devront renoncer à leurs errances passées et prendre des mesures courageuses et résolues sans avoir peur de nommer les choses.

Le drame de Paris signe dans la douleur la faillite des thèses « multiculturalistes », « immigrationnistes » et « sansfrontiéristes » développées par quelques beaux esprits déconnectés de la réalité et en opposition avec l'immense majorité des citoyens.

Sauf à prendre le risque de laisser aux extrémistes le langage de vérité, les dirigeants français devront définir une nouvelle politique migratoire et raffermir le principe de laïcité.

Ils devront surtout ressouder les citoyens de toutes origines autour d'une adhésion commune à la France, à ses paysages, son Histoire, sa culture, ses mœurs et ses habitants, suivant le mot magnifique d'Ernest Lavisse : « Enfant, tu aimeras la France parce que la nature l'a faite belle et que son histoire l'a faite grande ».

Tant à Paris qu'à Bruxelles ou encore Varsovie, les dirigeants devront aussi revoir leur diplomatie et leurs alliances.

Après les erreurs magistrales que furent l'indépendance du Kossovo, la rupture avec la Russie et la mise à l'écart de l'Iran, il faudra s'interroger sur le soutien à l'Arabie séoudite, qui partage la même idéologie que l'État islamique et mène une guerre aussi brutale qu'insensée au Yémen, comme sur notre alliance équivoque avec la Turquie islamiste qui épargne les djihadistes et bombarde les Kurdes, seuls véritables adversaires de l'État islamique.

Il faudra aussi se demander si l'Europe peut encore abandonner sa défense aux États-Unis, lesquels portent une écrasante responsabilité dans le brasier moyen-oriental et n'ont plus aucune intention d'exposer la vie de leurs soldats pour un enjeu à 8 000 kilomètres de leur frontière.

Plus que jamais, notre destin nous appartient.

 

Joseph Savès

 

Source : Hérodote



17/11/2015
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