Bienvenue dans mon Univers

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VAN GOGH ALIVE

 

 

 

 

La maladie de Van-Gogh ( 1853/1890 ) où l'hérédité, l'absinthisme et l'impuissance médicale s'entrelacent, n'est pas seulement une construction sociale.

 

 

De ses "absences" qui iront s'aggravant, de ses angoisses sans cause apparente, Vincent parle très tôt et son instabilité se manifeste dès le collège.

 

 

Mais le jeune homme, lecteur boulimique et affamé d'images, croit aussi aux vertus thérapeutiques de l'art et du rural.

 

Si le commerce de la peinture, autre héritage familial, le confronte vite aux images de toutes  sortes, il sent le besoin, à vingt-trois ans de quitter les comptoirs de vente pour se  rapprocher du monde du travail, afin de soulager les nécessiteux, puis de les peindre.

 

De l'un à l'autre, l'éthique protestante change d'objet, non de but : l'accomplissement personnel par l'altruisme.

 

 

Du reste, et de tout temps, Vincent a tenu un crayon.  C'est d'abord le monde de la mine, où il apporte la parole du Christ, qui passe dans ses dessins; ce sera ensuite celui des travailleurs de la terre.

 

 

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Millet domine déjà ses pensées, un Millet qu'il noircit par haine des mensonges de l'art policé.

 

 

Pourtant Van Gogh n'entend pas peindre en suiveur d'autodidacte, ni se contenter d'une existence marginale.

 

Il va donc se perfectionner avec une détermination contraire à sa légende de pur instinctif.

 

 

D'Anvers à Paris, le cursus est cumulatif, efficace. parallèlement, l'ancien employé de la Maison Goupil enrôle Théo, son frère cadet, dans un pari sur l'avenir.

 

Vincent sait que le temps travaille pour eux et que l'impressionnisme se muant en valeur marchande, le futur finira par sourire à sa génération.

 

C'est celle  d'Henri de Toulouse-Lautrec, Louis Anquetin et Emile Bernard, qu'il croise chez Fernand Cormon , son maître parisien à partir du printemps 1886.

 

 

Quant à Paul Gauguin, Théo et Vincent  parviendront à l'attirer en Provence, à Arles où la vie de ce dernier bascule : des centaines de tableaux et de dessins naissent alors, plus solaires, élaborés et plus poignants que jamais.

 

 

Gauguin n'y ajoutera que le sel de la contradiction.

 

 

Après l'échec tout relatif de leur cordée et l'aggravation de sa schizophrénie, Van Gogh décide de fuir ce sud qu'il juge désormais trop dangereux et de conquérir  Paris.

 

La critique d'avant-garde du reste, brode déjà sur "sa folie créatrice"

 

 

C'est ignorer le secret de cette peinture qui tend à la maîtrise d'elle-même entre les crises rapprochées. La dernière sera la bonne.

 

Demeurent par milliers, les preuves d'un moderne qui se rêva en Rembrandt de son temps.

 

Au delà des mythes poisseux, cette folie là reste à comprendre.

 

 

 

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L'art guérit-il ?

 

Débarrassé de son mythe qui exalte en lui le fou génial et l'artiste maudit, Vincent Van Gogh apparaît comme l'un des peintres les plus lucides de la génération

post-impressionniste.

 

 

En moins de dix ans mais au prix d'un travail inlassable, il bouleverse les principes et les clivages admis.

 

Dans ses tableaux ardents, en marge des crises qui menacent, s'invente un naturalisme expressionniste, aux antipodes du symbolisme désincarné qu'il a en horreur.

 

Universelle est aujourd'hui l'attention portée à Van Gogh pour de bonnes et souvent de mauvaises raisons. Pathologie minorée et société répressive, génie méconnu et marchandisation posthume...

 

Ce sont là quelques-uns des traits constitutifs d'une légende née de son vivant, laquelle a été radiographiée par Nathalie Heinich et Wouter Van der Veen de façon définitive.

 

On préfère oublier que ce fils de famille, au delà de ses aspirations  socialisantes, savait ce qu'il faisait en confiant à son frère Théo, galeriste efficace, le soin de fonder la valeur de son oeuvre.

 

La mort quasi simultanée des deux frères fut une aubaine pour le marché, qui spécula aussitôt sur cette  peinture qu'Albert Aurier venait de déclarer insensée, mystique mais si habitée et singulière !

 

Vincent avant de s'effacer eut le temps de réfuter ce critique proche de Gauguin qui, du temps d'Arles, l'avait peint "fou"

 

 

En vérité, il était insupportable à Van Gogh de laisser croire que sa folie ou plutôt la maladie parlait seule à travers la toile.

 

 

Au contraire, pour Aurier, le hollandais faisait d'elle une page de confession permanente, irréfléchie, automatique...

 

Le suicide devait confirmer cette thèse et le XXe siècle s'y complaire.

 

 

Ayant laissé presque autant de lettres que d'oeuvres,  Van Gogh n'aurait cessé de se raconter et de raconter son mal que de la traduire en couleurs crues et donc vraies.

 

 

En conséquence, la torsion poignante des toiles, paysages accablés de lumière, paysans brisés, visages chavirés et ciels vides d'un Dieu  absent a été longtemps lue comme l'écho direct du martyre de son existence terrestre.

 

 

 

 

 

Là où Van Gogh avait chercher un moyen de lutter contre la dépossession de soi, il fallait diagnostiquer son expression désespérée.

 

 

A quoi s'ajoutait cet " altruisme d'Evangile" selon le mot cruel de Gauguin : le culte de l'innocent aux mains pleines, du suicidé de la société" ( Antonin Artaud)

 

La sacralisation du malheur s'est amplifiée jusqu'a nous, malgré la lucidité de quelques précurseurs.

 

A cet égard, Octave Mirbeau, que Van Gogh a lu et apprécié, ébauche tôt une approche plus saine.

 

En janvier 1894, à propos des tableaux de Vincent que le salon des indépendants a regroupés en hommage posthume, l'écrivain sacrifie encore au mythe naissant du génie involontaire et de l'artiste incrée : " Ce qu'il y eut de grand et d'inattendu et aussi parfois de trop violent et excessif, dans l'âpre et délicieux talent de Van Gogh est intimement lié aux fatalités  cérébrales qui le prédestinèrent, jeune, à la mort"

 

 

Mais l'opinion du critique se renverse en mars 1901.

 

A l'occasion de l'exposition Van Gogh chez Bernheim-Jeune qui marque tant André Derain, Mirbeau tord le cou à ses propres arguments : " Il est mort sinon fou, du moins le cerveau malade. Et pourtant, à lire ses si curieuses lettres, il n'est pas d'esprit plus équilibré que le sien. ses opinions sont sages, se gardent de toute exagération "

 

 

Exposion Van Gogh Jeune du 15 au 31/03/1901

 

Sans  négliger le poids des pathologies, Mirbeau s'insurge enfin contre l'image du déréglé, en proie à la seule destruction et rend à la peinture de Van Gogh sa part de conscience et d'humanité.

 

 

 

 

Près d'un siècle s'écoulera avant que la recherche n'éclaire "l'épilepsie temporale dont souffrait Vincent" doublée d'une nette tendance à la mélancolie, autre maladie qui peut conduire au suicide.

 

" La perle est la maladie de l'huître" aimait à dire Van Gogh.

Mais l'art, irréductible à une cause unique, s'en voulait  aussi l'antidote.

 

 

 

 

Sources :    L'art en questions de Stéphane Guégan

 

                  Youtube

 

                  Images du net

 

 

 

 



18/05/2022
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